La Place du Coeur
Chapitre I


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Auteur:   Aline

Date de création:   novembre 2001 - janvier 2002

Droits divers:   Toujours la même chose, les personnages d'Urgences ne sont pas à moi, ils ont été créés par le grand maître Michael Crichton et lui appartiennent, etc. Par contre, tous les autres personnages (Elena, les médecins de San Francisco) ont été inventés par moi.

Rating:   PG

Spoilers:   saison 8 (jusqu'à l'épisode 8.10)

Personnages:   SL/JC/autres

Catégorie:   angst/romance

Note de l'auteur:   Cette histoire se passe dans le courant de la saison 8. Les événements survenus après l'épisode 10 de cette saison ("I'll Be Home for Christmas") n'ont jamais eu lieu, et Carter n'a encore jamais parlé des problèmes de dépendance dont il a souffert durant la saison 6...
Le premier chapitre fait surtout office d'introduction, histoire de mettre l'histoire en place, ça deviendra beaucoup plus intéressant par la suite ;O)


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Dans un cœur brisé
Nul ne peut pénétrer
Sans la noble prérogative
D'avoir souffert de même

(Emily Dickinson, traduction de Claire Malroux)

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Décembre 2000 - Carter refusait encore de le croire, il ne pouvait pas avoir refait ça, ça ne pouvait pas avoir recommencé. Il ne voulait pas que ça ait recommencé… Il était tellement persuadé qu'il s'en était enfin sorti, qu'il ne replongerait pas, qu'il ne replongerait jamais. Et en quelques secondes maudites, tout avait rechuté. Bien sûr, s'il avait désiré se trouver des excuses, il aurait très bien pu le faire. Il n'avait pas eu une seule seconde de toute la journée, pas même pour dormir ou pour manger. D'abord, il y avait eu l'accouchement de Deb auquel il avait assisté, puis avant qu'il n'ait eu le temps de se reposer il avait fallu couvrir les urgences et s'occuper de tous ces malades, ça en avait été définitivement trop pour lui. Et lorsqu'il avait vu ces cachets dans la poche de ce patient… Tout avait été tellement vite, il n'avait eu le temps de s'apercevoir de rien qu'il se retrouvait avec les pilules dans la bouche. Il n'osait même pas imaginer ce qui se serait produit si jamais il n'avait pas pris conscience de ce qui était en train de se passer et s'il n'était pas allé cracher ces maudits comprimés… Ca le rassurait, bien entendu, d'avoir été capable de ne pas les avaler, mais il ne se sentait tout de même pas fier de ce qu'il avait fait, particulièrement par rapport à Kerry et à Abby qui lui avaient fait confiance. Il avait le sentiment de les avoir trahies. Il savait qu'il y avait une part de déception dans le regard d'Abby lorsqu'il lui avait remis les cachets, et il savait ce qu'allait en dire le Dr Weaver lorsqu'il aurait à le lui dire… John soupira, enfonça les mains dans ses poches et leva nerveusement les yeux vers le nom de la clinique qui se détachait sur les portes vitrées qui en marquait l'entrée. Cela faisait des années qu'il n'était pas venu ici, qu'il ne lui avait pas rendu visite. Pourtant, ce jour-là il avait soudain su qu'il devait venir. Pendant des années, son cousin lui avait inspiré un sentiment proche de dégoût. Il n'était jamais parvenu à admettre que Chase en ait fini là malgré tout le soutien qu'on lui avait prodigué, ça le dépassait totalement. Mais aujourd'hui, tout lui apparaissait d'une manière très différente. Car pour la première fois, il comprenait ce que son cousin avait pu ressentir pendant toutes ses années durant lesquelles il se droguait et où personne ne semblait capable de faire autre chose pour l'aider que de lui asséner continuellement de stupides conseils. Lui-même avait fait partie de ceux-là, et à présent il comprenait qu'il avait eu tout faux. Ce qu'il comprenait également, c'est que lui et Chase étaient désormais semblables, il était devenu toxicomane et le meilleur moyen de s'en sortir enfin était sans doute de faire face à ses problèmes plutôt que de s'en cacher comme il l'avait fait depuis que tout avait commencé huit mois auparavant. A présent, il se sentait enfin prêt à se reprendre en main et à tout faire pour se tirer définitivement d'affaire. Tout ce qu'il désirait aujourd'hui était de retrouver enfin une vie normale, et il ferait tout pour cela. Après une dernière hésitation, il prit une profonde inspiration et franchit les portes de la clinique.

***

Octobre 2001 - Chloe suivit le train des yeux aussi longtemps que possible, puis, le regard dirigé vers le sol, elle regagna lentement sa voiture, en proie à un étrange sentiment. Il y avait bien sûr l'anxiété due à l'imminence de leur départ pour San Francisco, mais ce n'était pas que ça. Il allait falloir qu'elle se réhabitue à vivre sans Susan. Lorsque sa sœur avait décidé de venir s'installer avec elle, Joe et la petite Susie en Arizona, elle n'avait tout d'abord pas été vraiment ravie. En quittant Chicago, son but avait été de commencer une nouvelle vie, de se défaire de ce passé douloureux dont elle ne pouvait se débarrasser, dont sa propre fille était la conséquence. Elle ne voulait plus du regard attristé de sa sœur ou de ses parents, elle voulait une vie qui lui appartiendrait enfin. Le retour de Susan auprès d'elle et de sa famille lui était de prime abord apparu comme une sorte d'intrusion dans cette vie nouvelle qu'elle venait à peine de commencer à construire. Mais elle n'avait jamais eu une relation réellement équilibrée avec sa sœur, elle avait toujours plus ou moins dépendu d'elle. Alors que cette fois-ci, tout avait été complètement différent. Elles avaient retrouvé la complicité de leur enfance qu'elles avaient perdue peu à peu en grandissant. Susan apportait une sorte d'équilibre au sein de sa famille, et sa présence faisait le bonheur de Susie, qui était attachée à sa tante comme à une seconde mère. Chloe était d'ailleurs persuadée que quelque part dans son inconscient, la petite fille avait conservé la trace des mois durant lesquels elle avait été élevée par Susan. C'était ainsi qu'au fil des mois, la jeune femme avait fini par accepté sa sœur comme membre à part entière de sa famille, de sa nouvelle vie. En parallèle, elle avait trouvé un travail qu'elle adorait dans une petite boutique de mode en ville, avait épousé Joe et attendait un deuxième enfant. Les choses n'auraient donc pas pu être plus parfaites, et elle espérait que rien ne changerait jamais.

Et puis on avait proposé à Joe une nouvelle place, à San Francisco. Ce qui signifierait déménager une nouvelle fois et tout recommencer à zéro, chose dont elle n'était pas certaine d'avoir envie. Il lui avait été tellement difficile de bâtir, jour après jour, ce qu'elle possédait aujourd'hui. Mais Joe se réjouissait tellement à cette idée, elle n'avait pas eu le courage de gâcher sa joie à cause de stupides craintes qui n'avaient en fin de compte aucun fondement, et elle lui avait dit d'accepter. La chose qu'elle redoutait le plus en réalité, davantage que le déménagement en lui-même, avait été la possibilité que Susan choisisse de ne pas les accompagner. Même si au fond d'elle elle réalisait que sa sœur n'était pas vraiment heureuse et que Chicago lui manquait, elle s'accrochait à l'espoir que, peut-être, elle irait avec eux en Californie. Mais elle n'y croyait pas vraiment, et après avoir réfléchit Susan avait en effet décidé de retourner dans l'Illinois. Chloe la suspectait d'ailleurs d'y penser depuis plusieurs mois déjà mais de ne jamais en avoir rien dit. Et à présent, après des adieux dont la tristesse n'avait été atténuée que par l'espoir de se revoir bientôt, Susan s'en était allé comme elle était venue, cinq ans plus tôt.

Assise dans la voiture, Chloe attendit longtemps avant de démarrer, se demandant comment elle s'en sortirait à présent que Susan était partie, par quoi elle remplacerait les longues conversations où elles parlaient de tout et de rien, comment elle parviendrait à expliquer à sa fille que même si elle n'habitait plus avec eux, sa "Tante Susie" continuait de l'aimer aussi fort qu'avant. Chloe jeta un œil à sa montre pour constater qu'il était déjà près de 16 heures et qu'il fallait qu'elle se dépêche d'aller chercher Susie à la maternelle. Avec un long soupir, elle glissa la clé dans la fente prévue à cet effet, mis le contact et quitta la gare. Qu'elle le veuille ou non, il faudrait à présent qu'elle réapprenne à vivre, sans la présence rassurante de sa petite sœur à ses côtés. Elle savait que ce serait sans doute loin d'être facile, mais qu'elle finirait bien par y arriver.

***

Assise seule dans un compartiment du train, Susan passa en revue dans sa tête les événements des dernières semaines, depuis l'instant où Joe et Chloe lui avaient annoncé leur intention d'aller s'installer en Californie. Ils lui avaient clairement dit qu'ils seraient très heureux qu'elle les accompagne si elle le souhaitait, mais la jeune femme avait vu là l'occasion d'enfin regagner la ville de son enfance, celle où elle avait grandit et passé la plus grande partie de sa vie. Bien sûr sa famille lui manquerait, mais il était temps qu'elle reprenne sa propre vie en main, qu'elle cesse de vivre pour les autres. Il était évident qu'à présent ni Susie ni Chloe n'avaient plus besoin d'elle comme elle avait cru que c'était le cas cinq ans plus tôt lorsqu'elle avait décidé de les rejoindre à Phœnix. Il était également temps qu'elle laisse sa sœur s'occuper toute seule d'elle-même et de sa famille. Depuis des années, Chloe avait été aux yeux de sa sœur la personne la plus irresponsable qu'elle ait jamais eu l'occasion de rencontrer. Ancienne droguée et alcoolique, elle n'avait jamais su prendre soin d'elle-même, et Susan n'avait par conséquent pas pu imaginer qu'elle pourrait élever un enfant. Mais après cinq ans, elle avait finalement réalisé que Chloe avait enfin choisi de devenir adulte. La jeune femme s'enfonça dans son siège, laissant s'échapper de ses lèvres un long soupir. Retourner à Chicago après tout ce temps avait un léger goût d'aventure qui était loin de lui déplaire. Bien sûr, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu anxieuse, mais en même temps elle avait attendu ce moment depuis tellement longtemps. Elle avait téléphoné à Mark quelques jours plus tôt pour le mettre au courant de son arrivée, et il s'était montré vraiment ravi à l'idée de la revoir. Susan savait qu'il était marié et avait une petite fille - ils étaient toujours restés en contact depuis son départ - mais elle se réjouissait plus que tout de le revoir, ainsi que les autres amis qu'elle avait laissés derrière elle à Chicago. Elle jeta un œil par la fenêtre. Dehors, un beau soleil d'automne brillait dans un ciel sans nuages, dont le bleu pâle devenait déjà plus foncé à l'ouest. Elle ferma alors les yeux, appuya sa tête contre le dossier de son siège et, un léger sourire au lèvres, elle s'endormit.

***

A suivre...

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