La Place du Coeur
Epilogue
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Auteur: Aline
Droits divers: Toujours la même chose, les personnages
d'Urgences ne sont pas à moi, ils ont été créés par le grand maître
Michael Crichton et lui appartiennent, etc. Par contre, tous les autres
personnages (Elena, les médecins de San Francisco) ont été inventés par moi.
Note: Voilà, ce chapitre est le dernier et clôt
l'histoire avec une note un peu plus... disons gaie que le reste de
l'histoire... D'ailleurs j'ai adoré l'écrire, je parie que vous devinerez
pourquoi ;O))
***
Juin 2002 - Le jour tirait lentement à sa fin tandis que la nuit
s'installait sur la ville. Accoudée au rebord de la fenêtre de sa chambre,
Susan admirait silencieusement les étoiles qui s'allumaient une à une autour
d'une lune presque pleine, illuminant un ciel sans nuage. Depuis leur retour à
Chicago un peu plus d'un mois plus tôt, sa vie avait lentement repris son cours
normal, la routine quotidienne s'était réinstallée, pour son plus grand
bonheur. Jamais jusqu'à présent elle n'aurait cru qu'elle pourrait tirer un
tel plaisir à aller travailler, et même les gardes prolongées n'avaient plus
rien d'un calvaire comparé à celui qu'elle venait de vivre. Elle avait
l'impression de découvrir sa vie quotidienne sous un angle totalement nouveau,
et cette sensation était tout simplement merveilleuse. A leur retour, John et
elle avaient décidé d'un commun accord de suivre une thérapie de couple afin
de les aider à extérioriser ce que chacun d'eux avait pu ressentir durant la période
difficile qu'ils avaient vécue. Et même si de temps à autre Susan sentait
l'angoisse qu'elle avait alors éprouvée renaître en elle, elle parvenait à
la maîtriser et à ne pas la laisser l'envahir à nouveau. Jamais elle n'avait
été aussi heureuse qu'elle l'était à présent, et cela elle savait qu'elle
le devait en grande partie à John. Cette épreuve, aussi pénible avait-elle pu
être, avait au moins eu l'avantage de les rapprocher, ils avaient tous deux le
sentiment d'en être sorti plus unis.
Quant à Chloe, elle semblait aller considérablement mieux de jour en jour.
Susan lui téléphonait environ une à deux fois par semaine afin de prendre de
ses nouvelles, et la dernière fois qu'elle avait appelé, Joe lui avait dit
qu'elle s'était rendue à une séance des Alcooliques Anonymes.
"Jamais je ne l'ai vu mettre autant d'énergie dans quoi que ce soit que
dans sa guérison" lui avait-il dit. "Elle veut vraiment s'en sortir,
je sais qu'elle y arrivera."
"Moi aussi" avait répondu Susan d'une voix qui ne laissait aucun
doute quant à la sincérité de ses propos.
Un bruit derrière elle attira soudain son attention, la tirant de ses pensées.
Elle tourna la tête au moment-même où John entrait dans la pièce, vêtu
uniquement d'une serviette de bain drapée autour de la taille, les cheveux
encore humides après la douche qu'il venait de prendre. Elle se retourna entièrement
de manière à lui faire face, et lui sourit d'un air gourmand.
"Vous savez que vous êtes vraiment très séduisant dans cette tenue, Dr
Carter ?"
"Ah, moi qui comptais mettre un smoking…" répondit-il en prenant un
air faussement déçu.
"Est-ce qu'on doit vraiment aller manger dehors ?" soupira Susan tout
en le contemplant tandis qu'il s'habillait. "Je crois que je préférerais
rester à la maison…"
Carter s'approcha lentement d'elle et la prit dans ses bras.
"Il faut quand même marquer le coup tu ne crois pas ? Nous ne fêterons
pas nos six mois tous les jours. Mais je te promets que nous rentrerons prendre
le désert à la maison…" murmura-t-il avant de se pencher sur elle pour
l'embrasser.
"Dans ce cas, j'accepte. Mais il faudra que tu te surpasses…"
"Tu verras, tu n'en reviendras pas…"
Il quitta la pièce, d'où elle émergea à son tour quelques minutes plus tard,
habillée d'une robe de soirée noire à bretelles qui voletait avec grâce
autour de ses mollets. Elle avait relevé ses cheveux en chignon derrière sa tête,
laissant juste quelques mèches plus courtes flotter librement de chaque côté
de son visage légèrement maquillé.
"Wow, tu es éblouissante" souffla-t-il en la voyant.
Ses joues prirent une légère coloration rosée, ce qui arracha à John un
sourire satisfait.
"Et tout particulièrement lorsque tu rougis…" ajouta-t-il avec
malice.
"Tu me le paieras" répondit-elle en riant.
***
Susan n'avait que rarement aussi bien mangé de toute sa vie. Carter l'avait
emmenée dans un petit restaurant français où la cuisine était particulièrement
délicieuse. Plus tard dans la soirée, lorsque la plupart des clients eurent
terminé leur repas, une chanteuse avait pris place sur une estrade prévue à
cet effet avec un petit groupe de musiciens, et ils avaient rejoint les autres
couples qui s'étaient levés pour danser. Ils n'avaient quitté le restaurant
qu'aux alentours de minuit, et se promenaient à présent tranquillement le long
de la rivière.
"La nuit est tellement belle" murmura soudain Susan, couvrant de sa
voix le doux clapotis de l'eau.
Elle leva les yeux au ciel et murmura : "Chloe m'avait appris le nom de
toutes les constellations lorsque nous étions petites… J'ai tout oublié…"
"Je crois que celle-là, c'est la Grande Ourse" répondit Carter en
levant un doigt vers un groupe de petits points lumineux. "Et celle-ci la
Petite Ourse. Mais ne m'en demande pas davantage, mon frère avait bien un télescope
lorsque nous étions gosses, mais il ne m'a jamais laissé y touché et il a été
cassé avant que j'aie l'âge de m'en servir" ajouta-t-il en riant.
Susan lui sourit et laissa échapper un petit soupir. Cette soirée était
tellement parfaite, elle aurait aimé qu'elle ne s'arrête jamais. Ils marchèrent
encore pendant une demi-heure, main dans la main, avant de décider de rentrer.
Susan n'avait pas oublié que John lui avait promis un "désert", et
lui-même disait avoir une surprise pour elle. Et puis, il y avait quelque chose
dont il fallait absolument qu'elle lui parle…
***
"Oh non !" soupira Susan lorsqu'elle appuya en vain sur l'interrupteur
de la lumière. "Les plombs ont encore sauté, je parie que les Miller ont
de nouveau essayé de battre le record du plus grand nombre d'appareils électriques
allumés en même temps dans un seul appartement… Tu ne voudrais pas aller
jeter un œil ?"
"J'irai voir ça demain. On se débrouillera bien sans électricité pour
ce soir. Est-ce que tu as des bougies ?"
"Je dois en avoir dans l'armoire de la cuisine."
Ils s'y rendirent à tâtons, leurs yeux n'étant pas encore accoutumés à
l'obscurité, et en revinrent avec un paquet de chandelles qu'ils amenèrent,
ainsi que les bougeoirs qu'ils avaient dénichés dans le même tiroir, dans le
living room. Bientôt, une lumière tamisée éclairait la petite pièce.
"On ne va pas pouvoir faire grand chose avec si peu de lumière"
constata Susan en adressant un petit sourire séducteur à Carter.
"Mmmm, j'imagine que ce sera largement suffisant pour ce que j'ai prévu…"
répondit celui-ci en la faisant s'asseoir sur le canapé. "Ne bouge pas,
je reviens dans une petite minute."
Il prit une des bougies avec lui et quitta la pièce sous le regard suspicieux
de Susan qui se demandait quelle surprise il avait bien pu lui réserver. Il
revint quelques secondes plus tard, un petit sac en plastique dans les mains, et
prit place à côté de Susan.
"C'est pour moi ?" demanda-t-elle en regardant avec curiosité le sac
qu'il lui tendait.
"Ouvre-le."
Elle s'en empara et en sortit quelque chose, sans quitter cesser de regarder
John. Elle pouvait voir l'excitation briller dans ses yeux. Elle reporta ensuite
son attention sur l'objet qu'elle tenait dans les mains. Il s'agissait d'un
petit paquet de forme carrée, enveloppé dans un joli papier doré et orné
d'une fine ficelle de la même couleur. Elle retira le papier sans se presser, découvrant
un petit écrin noir.
"John" murmura-t-elle, incrédule, en levant les yeux vers lui.
"Est-ce que…"
Il lui prit alors délicatement la boîte des mains, et la garda un instant dans
la sienne.
"Susan" dit-il sans la quitter des yeux. "De toute ma vie, jamais
je n'avais encore aimé personne comme je t'aime…"
Susan plongea ses yeux dans les siens. Elle entendait parfaitement ce qu'il lui
disait, tandis qu'il lui avouait qu'il n'imaginait plus à présent sa vie sans
elle et qu'il savait que, d'une manière ou d'une autre, leurs destins étaient
inextricablement liés, mais c'était comme si elle ne comprenait pas réellement
ses paroles, comme si elle s'était trouvée dans un rêve, un rêve
merveilleux. Elle ne prit conscience que tout cela était bien réel que
lorsqu'il ouvrit lentement l'écrin, laissant apparaître une superbe bague en
argent, ornée d'une petite pierre étincelante.
"Susan" reprit-il en prenant sa main dans la sienne, "est-ce que
tu veux bien devenir ma femme ?"
D'un seul coup, le rêve semblait revenir réalité. Elle resta quelques
secondes muette sous le coup de l'émotion, et répondit finalement d'une voix
tremblante, sans parvenir à détacher ses yeux de John.
"Bien sûr que je le veux… rien sur Terre ne pourrait me rendre plus
heureuse que de devenir madame John Carter…"
Lorsqu'elle prononça ces quelques mots, John sentit un bonheur indescriptible
l'envahir, se répandre dans chacune de ses veines. Il avait tant attendu cet
instant, il l'avait tant rêvé… Mais jamais il n'avait été aussi
merveilleux qu'il l'était pour ce soir-là, justement parce que jamais il
n'avait réellement existé. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais
elle l'arrêta en posant un doigt sur ses lèvres. Elle approcha lentement son
visage du sien et ferma les yeux lorsqu'elle sentit sa respiration caresser sa
doucement sa peau juste avant que ses lèvres ne capturent les siennes dans un
baiser dont l'ardeur la surpris elle-même. Après quelques minutes, il
interrompit leur étreinte et se leva du canapé pour se diriger vers les deux
bougies qui brillaient sur un buffet, projetant des ombres aux formes allongées
qui dansaient langoureusement sur les murs. John souffla doucement sur les
fragiles flammes qui vacillèrent une seconde avant de s'éteindre complètement.
Il regagna le canapé à tâtons, et, la renversant en arrière, il s'allongea
au-dessus d'elle avant de reprendre leurs baisers là où ils les avaient laissés,
avec la nuit pour seule gardienne de l'amour et de la passion qui les animaient.
***
Susan se redressa dans son lit, éveillée par la douce lumière du soleil qui
se glissait à travers les stores baissés. John émit un grognement lorsque les
rayons le frôlèrent à son tour, mais se contenta de se retourner sans se réveiller.
Elle tourna la tête vers lui et contempla un instant son corps parfait qui se
dessinait sous les draps, et elle ne put retenir un sourire. Cette soirée et la
nuit qu'ils avaient passée ensuite avaient été tellement parfaites, tellement
spéciales, qu'elle avait encore du mal à réalisé que tout cela s'était réellement
produit. Elle se leva lentement et marcha jusqu'à la fenêtre. Un magnifique
soleil printanier illuminait le ciel matinal, encore légèrement rose à
l'ouest, et elle ne put s'empêcher de penser qu'à aucun autre moment que
celui-ci la vie n'aurait pu être plus parfaite. Dans quelque temps, elle épouserait
l'homme qu'elle aimait le plus au monde, et cette seule idée aurait suffit à
remplir son cœur de joie. Mais ce n'était toutefois pas, ce matin-là, la
seule source de réjouissance qu'elle voyait briller dans son avenir, dans leur
avenir ; et la seconde, qu'elle avait gardée précieusement pour elle depuis le
jour précédent et qu'elle annoncerait à John dès son réveil, était tout
aussi merveilleuse. Instinctivement, elle passa une main protectrice sur son
ventre et sourit pour elle-même tandis que son regard se portait à nouveau sur
Carter. Car dans quelques mois, ils ne seraient plus seulement un couple. Dans
quelques mois, ils seraient une famille…
***
FIN
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