Question de Confiance
Chapitre I : Chaque Jour de ma Vie
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Auteur: Aline
Date de création: Août 2001
Droits divers: Les personnages sont la propriété de
Michael Crichton, de la WB, d'Amblin et de la chaîne qui détient les droits de
diffusion.
Note de l'auteur: Cette fanfic est la suite de
"Seconde Chance"
Fanfic tous publics
Le texte est la propriété de l'auteur
***
Un rayon de soleil filtra à
travers les stores baissés, éclairant le visage de Mark qui entrouvrit les
yeux. A ses côtés, Susan était toujours endormie, souriant dans son sommeil.
Il la contempla quelques minutes, sans rien dire, sans faire un geste. Elle était
si belle et paraissait si paisible. Sur son visage, les hématomes résultant de
son agression avaient presque totalement disparus, et elle venait de cesser les
séances de psychothérapie qu'elle avait commencées quelques semaines plus tôt.
Non seulement elle semblait avoir presque totalement récupéré, mais il la
trouvait beaucoup plus épanouie, plus heureuse qu'elle ne l'avait jamais été.
Il se leva sans faire de bruit et déposa un baiser sur sa joue avant de quitter
la chambre. Il ne devait être à l'hôpital qu'à dix heures et elle ne
travaillait pas ce matin. Il commença par nourrire le chat de Susan qui avait
emménagé chez lui en même temps que sa propriétaire. Malgré le mois qui
venait de s'écouler, il ne parvenait toujours pas à réaliser que ce qu'il
vivait était bien réel. Ils n'avaient pas encore pris de décision concernant
leur mariage. Ils n'en avaient d'ailleurs encore parlé à personne. Ils avaient
le temps et ne voulaient pas hâter les choses. Sa demande en elle-même avait déjà
été suffisamment précipitée comme ça, ils avaient à présent besoin de
temps pour apprendre à vivre ensemble avant de fixer une date définitive. Elle
n'était après tout de retour à Chicago que depuis quelques semaines et se
remettait à peine de l'agression dont elle avait été victime, et lui venait
de se séparer d'Elizabeth. Officiellement, ils n'étaient donc pas fiancés, et
tout le monde à l'hôpital n'était même pas censé savoir qu'ils sortaient
ensemble, même si le nombre de personnes au courrant augmentait chaque jour.
Lorsqu'il était avec elle, il se sentait bien et pour l'instant c'était la
seule chose qui comptait réellement.
Lorsque Susan s'éveilla, quelques instants après que Mark ait quitté la
chambre, elle s'étonna de ne pas le trouver à côté d'elle. Elle allait se
lever lorsqu'elle l'entendit s'affairer à la cuisine et se recoucha en
souriant. Lorsqu'il lui avait demandé de devenir sa femme, elle n'avait eu
aucune hésitation avant de dire oui. Elle savait combien elle l'aimait, elle
savait qu'il était l'homme auprès duquel elle voulait se réveiller chaque
matin qu'il lui restait à vivre. Mais par la suite elle avait commencé à se
poser de nombreuses questions, et quand il lui avait dit qu'il valait sûrement
mieux qu'ils attendent un peu avant de décider d'une date, elle s'était sentie
rassurée. Sa vie avait été tellement chamboulée ces derniers mois, entre son
retour à Chicago, Mark qui ne pouvait se décider entre elle et le Dr Corday,
puis son agression, qu'elle avait besoin de remettre un peu d'ordre dans sa vie
avant de se lancer dans quelque chose d'aussi important que le mariage. Et puis,
en son fort intérieur, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable vis-à-vis
d'Elizabeth. Elle savait que c'était elle qui avait pris la décision de
rompre, mais elle savait aussi que c'était à cause d'elle et lui il arrivait
de s'en vouloir profondément. Pour rien au monde elle ne souhaitait être une
briseuse de couples, et malgré la conversation qu'elles avaient eue quelques
semaines plus tôt, elle craignait qu'elle ne lui en veuille, ce qu'elle aurait
d'ailleurs parfaitement compris.
" Petit déjeuner ! " fit Mark en entrant dans la pièce, un plateau
dans les mains. Il contourna le lit et le déposa sur la table de nuit à côté
d'elle. " Des œufs comme tu les aimes, avec le jaune bien défait "
ajouta-t-il en l'embrassant.
" Mmmm, ça a l'air bon " fit-elle en lui souriant. Elle se redressa,
ce qui lui arracha une petite grimace de douleur.
" Ca va ? " demanda-il, une pointe d'inquiétude dans la voix.
" Ce n'est rien " répondit-elle. " J'ai juste la nuque un peu
endolorie, j'ai dû faire un faux mouvement en dormant. "
Il se glissa alors derrière elle, posa ses mains sur ses épaules nues et
commença à les masser.
" Ca va comme ça ? "
" Oui " fit-elle en inclinant la tête sur le côté. " Mark, tu
as des doigts de fée… "
Il sourit, puis déposa un léger baiser derrière son oreille. La peau de son
cou était douce et sentait encore le produit à la vanille avec lequel elle
avait parfumé son bain le soir précédent. Ses lèvres descendirent alors dans
le creux de sa nuque, puis sur ses épaules, faisant glisser la mince bretelle
de sa chemise de nuit. Elle se retourna lentement et passa ses bras autour de
son cou.
" Tu dois être là-bas à quelle heure ? "
Il jeta un œil à sa montre. " Je pars dans un peu plus d'une heure "
fit-il en la serrant contre lui.
" On a tout le temps alors… " ajouta-t-elle en posant ses lèvres
sur les siennes.
***
" Je t'assure que c'est ce qu'il a dit ! " fit Abby en portant sa
tasse de café à ses lèvres. Elle but une gorgée avant d'ajouter : " Mot
pour mot ! "
Carter éclata de rire. " Abby, tu fabules complètement ! "
" Rien du tout ! " s'exclama-t-elle en riant elle-aussi. " C'est
ce qu'il a dit, j'y peux rien moi ! "
Carter haussa les épaules en souriant, puis aperçut Mark qui entrait dans la
cafétéria.
" Dr Greene ! " cria-t-il à son attention. Mark tourna la tête et
lui fit un signe de la main. " Pourquoi ne venez-vous pas vous asseoir avec
nous ? "
Mark s'approcha alors et s'installa sur la chaise libre à côté d'Abby,
" Vous êtes en avance ce matin ! " fit Carter avec un sourire
ironique tandis qu'il s'asseyait.
" Ravi de voir que tu es en pleine forme, Carter. "
" Vous aussi apparemment. Votre chemise est boutonnée de travers… "
Mark baissa les yeux pour constater que le jeune médecin avait raison. "
J'ai dû me dépêcher de partir. "
" Oui, je vois ça ! " répliqua Carter en riant.
Abby sourit en avalant la dernière goutte de son café. " Ce n'est pas que
votre conversation soit inintéressante, mais ce cher Dave a dû me garder
quelques TR et il vaudrait mieux que j'y aille si je ne veux pas en avoir jusqu'à
ce soir. " fit-elle en se levant.
Carter et Mark sourirent. " Ne vous laissez pas faire " lui dit ce
dernier. " Vous n'êtes pas l'esclave du Dr Malucci. "
" Allez lui dire ça " répliqua Abby avec un sourire. " Je ne
suis pas sûre qu'il soit du même avis. "
La jeune étudiante tourna les talons et Mark bu une gorgée de café.
" Alors, comment va le Dr Lewis ce matin ? " lui demanda Carter en
souriant toujours.
" Carter, tu n'as pas des patients à voir ? "
" Vous n'imaginez pas à quel point les urgences sont tranquilles
aujourd'hui " répondit-il en haussant les épaules.
" Ca valait bien la peine que je courre " marmonna Mark. Il avala une
nouvelle gorgée, et quand il releva la tête, il rencontra le regard de Carter.
" Elle va bien j'imagine… d'accord, ça suffit, Susan se portait très
bien il y a une demi-heure quand je suis parti et elle serait ravie de savoir
que tu te préoccupe de sa santé. "
Carter sourit. " Je suis vraiment content pour vous deux, vous formez un
couple génial. "
" Je me demande s'il y a encore quelqu'un que ne soit pas au courant dans
cet hôpital… Je n'ai jamais compris comment les rumeurs peuvent circuler
aussi rapidement ! " commenta-t-il, avant que son bipper ne sonne au même
moment que celui de Carter.
" Apparemment la pause est terminée " fit le jeune médecin en se
levant, immédiatement suivi par Mark.
***
Susan entrouvrit les yeux et jeta un œil à son réveil. Il était prêt de dix
heures, elle avait dû s'assoupir après que Mark soit partit. Elle s'étira
lentement et sourit. Jamais depuis longtemps elle ne s'était sentie aussi bien.
Les deux semaines qui avaient suivit son agression avaient été un véritable
enfer. Non seulement elle vivait avec un sentiment de crainte qui ne la quittait
plus, au point qu'elle ne sortait presque plus de chez elle, mais en plus elle
devait supporter cela toute seule. Bien sûr, il y avait Chloe et la petite
Suzie qui lui avaient été d'un soutient précieux, mais elle aurait aussi
voulu avoir quelqu'un qui la serrerait dans ses bras le soir avant qu'elle ne
s'endorme en lui murmurant que tout irait bien. Quand Mark était venu la voir
ce soir-là, elle savait que c'était lui et personne d'autre qu'elle voulait et
quoi qu'il ait pu faire, elle le lui pardonnerait, comme il lui avait pardonné
de l'avoir laissé sur un quai de gare quatre ans plus tôt. A présent, depuis
un peu plus d'un mois, elle était enfin heureuse, épanouie.
Elle se leva et dû se rasseoir car la tête lui tourna. Je me suis levée trop
vite, se dit-elle en prenant lentement sa respiration. Au même moment, le téléphone
sonna sur la table de nuit à côté d'elle.
" Salut, petite sœur " fit une voix à l'autre bout du fil
lorsqu'elle eut décroché.
" Chloe ? " demanda-t-elle, avant de se rappeler qu'elles avaient prévu
d'aller faire du shopping toutes les deux.
" J'ai essayé de t'appeler chez toi avant de réaliser que j'avais plus de
chances de te trouver ici " répondit la sœur du Dr Lewis d'un ton
malicieux. " Si je passe te prendre dans une demi-heure ça te va ? "
" Ca ira très bien, mais je dois être à deux heures à l'hôpital.
"
" Je sais, tu me l'as déjà dit. Ne t'inquiète pas, ça ne posera aucun
problème. "
" Parfait. "
" Ah j'y pense, Suzie a insisté pour nous accompagner, ça fait des jours
qu'elle réclame pour te voir. "
" C'est vrai que je n'ai pas eu beaucoup de temps à lui consacrer ces
dernières semaines " soupira Susan en pensant à sa petite nièce de cinq
ans qu'elle aimait comme si elle avait été sa propre fille. " Je me réjouis
de la voir. "
" Très bien. On se prépare et on passe te prendre. "
" Ok, à toute à l'heure. "
Susan raccrocha le combiné, se leva lentement et alla prendre une douche rapide
avant de s'habiller.
***
Une demi-heure plus tard, Chloe Lewis garait sa voiture devant l'immeuble où
vivaient Mark et Susan.
" Suzie, tiens-toi tranquille ! " ordonna-t-elle à sa fille qui
s'agitait sur le siège arrière. En réponse, la fillette éclata de son petit
rire enfantin. Chloe haussa les épaules en soupirant, sortit de la voiture et
en fit descendre la petite fille.
" Tante Susan habite ici maintenant ? " demanda-t-elle en prenant la
main de sa mère.
" Le Dr Greene habite ici, et tante Susan s'est installée avec lui "
expliqua Chloe en poussant la porte de l'immeuble. Quelques minutes plus tard,
elle sonnait à celle de l'appartement.
" Entre " fit Susan en lui ouvrant. " J'en ai pour une minute.
"
" Tante Susan ! " s'exclama Suzie en entourant ses jambes de ses
petits bras.
" Hé ! Bonjour toi ! " fit-elle en soulevant sa nièce du sol. "
Viens, on va laisser maman aller s'asseoir pendant que tu viens m'aider à finir
de me coiffer. "
Susan s'éloigna en direction de la salle de bain avec Suzie dans les bras
tandis que Chloe s'installait dans le living room. Quelques minutes plus tard,
sa sœur la rejoignait avec la petite. Elle avait revêtu un pull-over bleu
marine et un jean et avait relevé ses cheveux vers l'arrière avec juste
quelques mèches blondes pendant devant ses yeux verts.
" Tu es magnifique, petite sœur " lui dit Chloe tandis qu'elle
entrait dans la pièce.
" Tu parles ! " répondit Susan en riant. " J'ai l'impression que
ces maudits bleus ne s'en iront jamais ! La seule chose qu'il me reste à faire
est me rabattre sur le fond de teint ! "
" On ne voit presque plus rien " la rassura sa sœur. " Ce qui
est sûr, c'est que je ne t'ai pas vue aussi rayonnante depuis longtemps. "
Susan lui sourit. Chloe avait tellement changé ces dernières années ! Avant
qu'elle ne s'installent à Phœnix, elle ne représentait pour sa sœur qu'une
source constante de problèmes et d'inquiétude : alcoolique, droguée,
incapable de conserver un emploi au delà d'un mois, elle semblait tout
simplement inapte à prendre sa propre vie en charge. Lorsqu'elle lui avait
annoncé qu'elle était enceinte, elle avait catégoriquement refusé d'avorter
comme Susan le lui avait conseillé, clamant haut et fort qu'elle serait tout à
fait capable d'élever son bébé. Tout cela pour s'enfuire peu après lui
laissant la petite Suzie alors âgée de quelques mois. Susan avait alors tenté
de faire adopter la petite fille, mais s'était finalement attachée à elle
comme si elle eut été son propre enfant. La première fois où Chloe avait en
fait agit en adulte avait été le jour où elle était revenue à Chicago en
compagnie de Joe, son fiancé qui appartenait à la police. Malheureusement,
quelques semaines à peine après son retour, elle avait décidé de partir
s'installer à Phœnix avec Joe, emmenant la petite Suzie et laissant Susan dans
un état proche de la dépression. A présent, en particulier depuis qu'elles étaient
de retour à Chicago, les deux sœurs s'entendaient à merveille et étaient
devenues vraiment proches. Susan savait qu'elle pouvait désormais vraiment
compter sur elle, et le fait de ne plus avoir constamment à se soucier de
savoir où elle se trouvait, avec qui et ce qu'elle faisait était pour elle un
immense soulagement.
" On y va ? " demanda-t-elle, Suzie toujours suspendue autour du cou.
Chloe se leva, lissa sa jupe et rejoignit Susan dans l'entrée.
" Ah, au fait, j'ai oublier de te prévenir, j'ai eu un entretient avec mon
chef hier… et bien figure-toi qu'il envisage de me donner une augmentation !
"
" C'est vrai ? Chloe c'est fantastique ! "
" C'est vrai " répondit-elle avec un petit sourire. " Il a dit
qu'il était très content de mon travail à la librairie et qu'il se pourrait même
qu'il m'engage à 100% d'ici la fin de l'année. "
" Tu n'imagine pas à quel point je suis contente pour toi ! "
Chloe avait trouvé cet emploi dans une petite librairie peu après leur arrivée.
Au début, elle se contentait de réceptionner les commandes et de classer les
livres sur les bonnes étagères, mais depuis deux semaines déjà elle
s'occupait également de la comptabilité, et Susan était vraiment ravie de
voir que les cours qu'elle l'avait longtemps poussée à suivre s'avéraient
finalement utiles.
***
Le soleil se couchait lentement sur Chicago, faisant danser les premières
ombres de la nuit naissante sur la ville qui s'illuminait peu à peu. Au County,
Mark terminait une journée de travail agréablement courte en comparaison aux
gardes de trente-six heures qu'il se coltinait parfois. Toute l'après-midi il
avait tenté de croiser Susan, mais depuis quelques temps, ils étaient sans
cesse accaparés de parts et d'autres, et n'avaient guère le temps de se voir
lorsqu'ils étaient de service. C'était sans doute une coïncidence, mais ils
avaient parfois l'impression que les autres médecins les appelaient
volontairement sur des cas différents alors qu'ils auraient pu s'occuper du même
patient. Kerry Weaver était d'ailleurs la première à s'arranger pour qu'ils
travaillent ensemble le moins souvent possible. Ils comprenaient très bien le
fait qu'ils ne devaient pas mélanger leur vie privée et professionnelle, mais
avant de sortir ensemble ils avaient tout de même été collègues pendant
plusieurs années. Et, qui plus est, ils avaient toujours été excellents
lorsqu'il s'agissait de traiter un patient tous les deux. Ils avaient de ce fait
de la peine à comprendre le fait que tout le monde fasse à présent tout pour
éviter qu'ils ne se trouvent ensemble dans la même salle de trauma.
Mark entra dans la salle de repos, mais en referma aussitôt la porte en
apercevant le Dr Romano, le grand chef de l'hôpital, qui se tenait près du réfrigérateur.
" Dr Greene, vous n'auriez pas vu, par hasard, le sandwich au fromage que
j'ai déposé ici ce matin et qui a mystérieusement disparu ? " demanda
celui-ci, forçant Mark à rouvrir la porte qu'il venait de fermer.
" Heu, non… " se contenta-t-il de répondre.
" Très bien. Ne vous sauvez donc pas, venez ici une minute. "
Mark entra à contre-cœur, refermant la porte derrière lui. Comme la plupart
du personnel de l'hôpital, il détestait le Dr Romano et l'idée d'avoir une
conversation avec lui ne le réjouissait pas du tout.
" Vous voulez du café ? " demanda-t-il en claquant la porte du réfrigérateur.
" Non merci "
" J'ai entendu dire que vous et le Dr Lewis étiez… heu, comment dire ça…
que vous couchez ensemble quoi… " commença-t-il.
" Je ne crois pas que ce genre de détails sur la vie privée de vos employés
ne vous regardent. " répondit simplement Mark en croisant les bras sur sa
poitrine.
" Sauf si ces détails risquent d'altérer votre relation professionnelle,
ce qui serait très fâcheux… "
" Et bien, en admettant que cela soit vrai je peux vous assurer qu'il ne
serait même pas question de voir notre relation professionnelle de dégrader.
"
" Bien. Parfait. " Il s'interrompit une seconde avant de reprendre.
" Cela impliquerait aussi que vous et le Dr Corday ne seriez plus
ensemble… "
Mark le regarda, se demandant où il voulait en venir. " Heu, oui… cela
me semblerait évident. "
Romano hocha la tête, un étrange sourire sur le visage. " Je vous
souhaite beaucoup de bonheur " fit-il avant de sortir. Il quitta la pièce
quelques minutes avant que Susan n'y entre.
" Mark ! " s'exclama-t-elle en l'apercevant. " J'ai essayé de te
voir toute l'après-midi, mais à chaque fois que j'avais une seconde de libre,
Kerry trouvait quelque chose à me faire faire… Elle ne m'a pas lâchée une
minute " ajouta-t-elle en se débarrassant de sa blouse qu'elle suspendit
dans son vestiaire. " Tu as passé une bonne journée ? "
" Ca peut aller, je suis content qu'elle soit terminée. " Elle
s'approcha de lui pour l'embrasser, et il la retint une seconde contre lui, ses
bras autour de sa taille, observant son visage.
" Quoi ? " demanda-t-elle.
" Rien " lâcha-t-il finalement. " J'ai beaucoup de chance, c'est
tout. "
" Si c'est ça votre technique pour garder votre relation secrète, je
comprend que ce soit un secret de polichinelle ! " s'exclama Carter en
poussant la porte de la salle de repos.
" Carter ! " fit Susan en s'éloignant brusquement de Mark.
" Ne vous inquiétez pas, dans la mesure où tout le monde est déjà au
courant, je ne vois pas à qui je pourrais aller le raconter ! " fit le
jeune médecin en éclatant de rire.
" Tout le monde ? "
" Tout le monde " confirma Mark avec un sourire. " Romano m'a
presque demandé de lui rendre des comptes il y a deux minutes. "
" Génial " murmura Susan.
" Allons donc " fit Carter. " Si je me rappelle bien, ce n'est
pas la première que des rumeurs courent sur vous deux dans cet hôpital !
" ajouta-t-il en riant toujours.
Mark et Susan se jetèrent un regard embarrassé. " Et si on y allait
" suggéra-t-il.
" Ca me semble en effet être une excellente idée " approuva la jeune
femme. " Bonne soirée, Carter ! "
***
Elizabeth retira rageusement sa blouse et ses gants en latex qu'elle jeta dans
la poubelle. Elle venait d'avoir une des plus mauvaises journées de sa vie, et
par-dessus le marché Romano venait de la convoquer dans son bureau. En se réveillant
le même matin, elle s'était aperçue que son réveil était tombé en panne et
qu'il ne lui restait qu'une dizaine de minutes avant d'être en retard à l'hôpital.
Elle aurait peut-être pu arriver plus ou moins à l'heure s'il ne lui avait pas
fallu faire un immense détour à cause de travaux qui obstruaient la route
qu'elle empruntait habituellement. En arrivant enfin au County une demi-heure
après le début de sa garde, elle avait été accueillie par un patient "légèrement"
éméché qui avait généreusement vomi le contenu de son estomac sur le
chemisier de soie bleue qu'elle avait acheté moins d'une semaine plus tôt.
Pour compléter ce jour mémorable, elle venait de perdre un gosse de cinq ans,
victime d'un accident de voiture où le conducteur était son frère aîné, un
adolescent âgé de même pas quinze ans qui avait cru intelligent de mettre le
petit garçon sans ceinture de sécurité sur le siège du passager pour se
lancer ensuite dans une course de vitesse qui s'était mal terminée avec ses
amis aussi inconscients et irresponsables que lui.
Elle frappa au bureau de Romano, se demandant ce qu'il pouvait encore lui
vouloir.
" Entrez ! " entendit-elle venant de l'autre côté de la porte
qu'elle poussa lentement.
" Lizzie ! Entrez donc ! " s'exclama Romano alors qu'elle restait dans
l'entrée.
" Robert, vraiment je n'ai pas le temps " fit-elle avec un soupire
d'exaspération. " J'ai travaillé toute la journée et la seule chose dont
j'aie envie est de rentrer chez moi. "
" Bien, bien " bougonna-t-il, " je ferai vite alors. J'ai besoin
de vous samedi soir. "
" Je ne suis pas de garde samedi. "
" Je sais. "
Elle lui jeta un regard soupçonneux, ne devinant que trop bien ses intentions.
" Dans ce cas l'affaire est réglée. Je ne peux pas me libérer. "
" Allons donc ! " s'exclama Romano en éclatant de rire. " Rester
toute seule chez vous à ruminer votre récente rupture, voilà une occupation
fort intéressante ! " s'exclama Romano avec son tact habituel.
Elizabeth soupira à nouveau, se demandant ce qui l'empêchait d'étrangler ce détestable
personnage sur place. " Ce que je fais de ma soirée samedi prochain ne
regarde que moi dans la mesure où je ne travaille pas. Si vous n'avez rien
d'autre à me dire, je vous souhaite une bonne soirée. " Comme il ne répondait
rien, elle tourna les talons.
" Vous ne savez pas ce que vous manquez ! " lui cria-t-il tandis
qu'elle s'éloignait dans les couloirs de l'hôpital. " J'avais l'intention
de vous inviter à aller boire un verre si vous aviez accepté, puisque c'est
comme ça j'irai tout seul ! " En entendant cela, Elizabeth ne put réprimer
une grimace, tant la seule idée de sortir avec Romano lui donnait la nausée.
Quelques instants plus tard, elle sortait de l'ascenseur à l'étage des
urgences et se dirigea vers la salle de repos. Lorsqu'elle y entra, elle était
déserte. Elle se dirigea vers son casier pour récupérer le fameux chemisier
qu'elle avait laissé dans un sac en plastique après avoir tenté de nettoyer
le plus gros de la matière malodorante dont il avait été copieusement aspergé.
Elle était tellement occupée à pester contre la journée qu'elle venait
d'avoir qu'elle n'entendit pas le Dr Kovac pénétrer dans la pièce et crut
faire un arrêt cardiaque lorsqu'elle le découvrit en se retournant quelques
secondes plus tard.
" Je vous ai fait peur " s'excusa Luka en l'aidant à s'asseoir.
" Je suis vraiment désolé. "
" Non c'est moi " répondit la jeune femme en esquissant un sourire.
" Je ne vous avais pas entendu entrer. "
" Vous voulez un verre d'eau ? "
Elizabeth sourit. " Ce qu'il me faudrait ce serait une bonne tisane
calmante et une dizaine d'heures de sommeil, mais va pour un verre d'eau…
"
Il en remplit un au robinet et le lui tendit avant de s'asseoir en face d'elle.
" Longue journée ? "
" J'ai bien cru qu'elle ne finirait jamais… " répondit-elle dans un
soupire.
" Je vous propose quelque chose " reprit Luka d'une voix douce. "
Comme je termine maintenant, je vous invite à aller boire quelque chose,
histoire de décompresser, et ensuite je vous ramène chez vous. "
Elizabeth sourit. Venant d'un autre homme, il y aurait certainement eu une suite
sous-entendue au "je vous ramène chez vous", mais elle savait pour en
avoir plusieurs fois discuté avec Carol que Luka faisait partie de ces hommes
qui savent écouter et comprendre une femme, et dont la priorité n'est pas de
leur sauter dessus à la première occasion, ce genre d'hommes qu'elle avait
longtemps espéré rencontrer un jour, jusqu'à ce que Mark n'entre dans sa
vie… " C'est très gentil à vous, j'accepte volontiers. "
" Parfait " répondit-il avec un sourire. " Vous êtes prête ?
"
Elle hocha la tête et se leva. Il fit de même et se débarrassa de sa blouse
qu'il laissa dans son vestiaire avant de la rejoindre à l'entrée de la pièce.
***
" C'était délicieux " fit Susan en repoussant son assiette.
" Je savais que tu aimerais " murmura-t-il en prenant sa main pour y déposer
un baiser. Il l'avait emmenée dans un petit restaurant italien qu'il avait découvert
quelques années auparavant, lorsqu'elle venait de quitter Chicago et il s'était
alors promis que si un jour elle revenait, il l'amènerait ici. Il régla
l'addition puis tous les deux se levèrent et quittèrent le restaurant.
" Il est encore tôt " constata-t-il lorsqu'ils furent dehors. "
Que dirais-tu d'une balade au bord de la rivière ? "
" J'en dis que c'est une excellente idée… "
Il la prit alors par la main, et ils marchèrent en silence, avec juste le bruit
de l'eau à côté d'eux. Susan soupira profondément. Elle avait rêvé d'un
moment comme celui-ci tellement souvent ! Elle n'avait jamais connu d'autre
homme avec qui elle aurait pu rester juste comme ça, à marcher main dans la
main sous les étoiles, sans avoir l'impression de se mentir à elle-même. Elle
avait eu quelques rendez-vous durant le temps qu'elle avait passé à Phœnix,
mais jamais rien de sérieux, et elle savait très bien pourquoi elle n'était
jamais restée avec aucun des hommes qu'elle avait rencontrés ; aucun d'eux n'était
capable de la comprendre, de l'écouter, de la soutenir dans les moments
difficiles comme Mark savait le faire. Quoi qu'il lui arrive, elle savait
qu'elle pouvait lui en parler sans avoir peur, sans craindre qu'il ne la juge ou
qu'il ne la force à se confier davantage qu'elle ne le voulait. C'était pour
ça qu'elle l'aimait, parce qu'il savait être doux et patient avec elle, parce
qu'il savait comprendre ce qu'elle ressentait au plus profond d'elle-même sans
qu'elle ait à prononcer une seule parole. Mais d'un autre côté, elle ne
pouvait pas s'empêcher de se sentir terrorisée. La seule réelle relation
qu'elle avait entretenue avec un homme s'était terminée de façon tellement
brutale qu'aujourd'hui encore l'engagement lui faisait peur.
" A quoi tu penses ? "
Elle tourna lentement la tête. Ils avaient arrêté de marcher et étaient
accoudés à une balustrade surplombant la rivière. Elle s'approcha lentement
de lui, et déposa sa tête sur son épaule. Il passa alors son bras autour des
siennes et la serra contre lui.
" Tout à l'heure, quand tu disais que tu avais de la chance… " Elle
leva les yeux et rencontra son regard posé sur elle.
" Oui ? "
Elle soupira. " J'ai beaucoup de chance, moi aussi. Je t'aime, Mark. "
" Et je t'aime aussi… " murmura-t-il en la serrant un peu plus fort,
avant de se pencher pour l'embrasser.
***
Fin du chapitre 1
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