N'oublie Jamais...
Chapitre VIII


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Auteur:   Aline

Date de création
:   Mai - septembre 2001

Droits divers
:   Les personnages ne m'appartiennent toujours pas (ben non, ça n'a pas changé depuis la dernière fanfic ;O)) ils sont donc toujours la propriété de Michael Crichton et de tous les autres… Les paroles citées proviennent de la chanson Please Remember, interprétées par LeAnn Rimes et disponible sur la BO du film Coyote Ugly.

Personnages
:   SL / JC / MG

Note de l'auteur
:   Je sais que c'était un peu cruel de couper la partie précédente à cette endroit-là, vous allez donc maintenant savoir ce qu'il est advenu de ce pauvre John...

*Le texte est la propriété de l'auteur

***

" Saturation à 80, pouls à 70."

" Faites-lui une ampoule d'atropine ! Il perd beaucoup de sang, il lui fait une transfusion ! Susan, est-ce que vous savez quel est son groupe ? "

J'étais incapable de répondre, c'était à peine si j'entendais ce que me demandait Kerry. Tout ce que je pouvais voir était John, étendu à la place des patients que j'avais l'habitude de soigner, les yeux clos, la chemise humide de sang sombre et poisseux.

" La sat chute ! "

" Bon, passez-lui deux culots de O neg ! Allez, bougez-vous ! Et bipez-moi Corday et Romano, on aura besoin d'eux ici ! Luka, je peux vous laisser vous en occuper ? "

Je n'entendis pas la réponse de mon collègue. Kerry me poussa vers la sortie de la salle de trauma, me forçant à reprendre mes esprits.

" Susan, que s'est-il passé ? " me demanda-t-elle.

" Je… je ne sais pas… exactement… " parvins-je à balbutier. " C'est allé tellement vite… Il était là et la minute d'après cette voiture… Au mon dieu Kerry, dîtes-moi qu'il va s'en sortir… "

" Qu'est-ce qui s'est passé ? " demanda Mark qui arriva au même moment.

" Carter a été renversé par une voiture " répondit Kerry. " S'il te plait, emmène Susan à la salle de repos. "

" Non Kerry, je reste… " tentai-je de protester en retenant mes larmes.

" Elle a raison " me dit doucement Mark en me prenant par les épaules. " Il faut que tu te calmes, et tu sais très bien que tu ne risques que de gêner les mouvements des médecins qui s'occupent de John en restant là… "

Je hochai finalement la tête avec un soupir et le suivis. Devant le bureau des admissions nous croisâmes Elizabeth qui me promit de tout faire pour le sauver. Mais cela ne me rassura pas. Je l'avais moi-même trop souvent cela aux familles de patients qui n'étaient jamais ressortis vivants de la salle de trauma.

" Est-ce que tu veux du café ? " me demanda Mark tandis que je m'asseyais sur le canapé de la salle de repos. Je secouai la tête, sachant que mon organisme était pour l'instant incapable d'assimiler quoi que ce soit. Je refusais toujours de croire ce qui s'était produit quelques minutes plus tôt, sous mes yeux et sans que je ne puisse l'empêcher. Je me sentais tellement coupable aussi… Si je ne m'étais pas disputée avec John, il ne serait pas sorti si précipitamment de chez Doc Magoo, ne se serait pas engagé sur la route sans s'être assuré qu'aucun véhicule ne venait, et à présent il ne serait pas en train de se vider de son sang sur une des tables de trauma… Tout n'était pas directement ma faute, mais j'avais une part de responsabilité…

" Arrête ça " murmura Mark en s'asseyant à côté de moi et en passant son bras autour de mes épaules. " Arrête de te torturer de la sorte… Carter est un battant, il s'en sortira… Il a déjà survécu à pire… Et cesse de culpabiliser… Aucun de nous n'est responsable de son destin, encore moi de celui des autres. Les choses arrivent, nous n'y pouvons rien, c'est notre destinée… "

J'ai toujours entendu dire que la plupart des hommes qui se savent condamnés finissent par accepter l'idée de la mort, que ce soit la leur ou celle des autres. Mais moi je n'étais pas prête à accepter cela.

" S'il meurt cette nuit, ce sera aussi sa destinée ? "

" Il ne va pas mourir… " se contenta de répondre Mark en me serrant plus fort. Je posai ma tête sur son épaule, fermai les yeux et priai pour qu'il dise vrai.

***

Mark avait raison. John ne mourut pas cette nuit-là. Elizabeth descendit environ deux heures plus tard pour nous annoncer qu'il était sorti du bloc opératoire. Heureusement pour lui, il ne souffrait pas de traumatisme grave et avait très bien supporté l'opération qu'ils avaient dû pratiquer pour stopper ses hémorragies. D'après Elizabeth, il serait sur pied en quelques semaines. Il était à ce moment-là encore en salle de réveil, mais si je le désirais, je pouvais déjà monter le voir. Mark me demanda de le prévenir quand il se réveillerait, et je quittai la salle de repos pour me diriger vers l'ascenseur menant à l'étage. Voir Carter étendu dans ce lit, relié par tous ces tubes à des machines qui contrôlaient son cœur et lui donnaient des médicaments, me fit un drôle d'effet. Je pris doucement sa main, effleurai ses lèvres trop pâles des miennes, puis m'assis sur le bord de son lit et ne bougeai plus jusqu'à ce qu'il n'ouvre les yeux, un peu moins d'une heure plus tard.

" Je suis au paradis " murmura-t-il en posant ses yeux fatigués sur moi. " Et tu dois être un ange… " Je lui souris et serrai sa main un peu plus fort. " Non, ça ne doit pas être ça, aucun ange n'a un aussi joli sourire… "

" John " murmurai-je. " Comment te sens-tu ? "

" Prêt pour courir le marathon de New York… " répondit-il avec un petit sourire.

" Je suis sérieuse, John… Tu m'as fait très peur… "

" Qu'est-ce qui c'est passé ? "

" Tu ne te rappelles pas ? " Il secoua la tête. " Tu as été renversé par une voiture… devant l'hôpital, tu sortais de chez Doc Magoo… "

Il fronça les sourcils et secoua la tête. " Ca reviendra, tu es encore sous le choc… " murmurai-je. Au même moment, une jeune infirmière s'approcha de moi et m'expliqua qu'il avait besoin de repos et qu'il valait mieux que je le laisse pour l'instant. Je hochai la tête, embrassai John sur la joue, me levai et tournai les talons.

" Susan ? " me demanda-t-il alors que je m'éloignais. " Est-ce que je t'ai déjà dit que tu es vraiment très belle ? " Je lui souris, puis quittai la pièce.

" Comment va-t-il ? " me demanda Mark quelques minutes plus tard lorsque je fus de retour aux urgences.

" Il a l'air d'aller. Il doit se reposer pour l'instant, je remonterai un peu plus tard… "

" Je crois que toi aussi tu devrais te reposer. Depuis combien de temps n'as-tu pas dormi ? "

" Une éternité " soupirai-je. " Je vais essayer de trouver une salle libre pour m'étendre un peu… "

" Tu devrais renter chez toi. Liz a terminé sa garde, elle peut te raccompagner… "

" Je préfère rester ici… De toute façon je recommence dans moins de trois heures… "

" Si tu restes là tu ne te reposeras jamais, tu le sais très bien… "

Je n'avais pas la force d'argumenter plus longtemps, et finis par accepter qu'Elizabeth me raccompagne car je n'étais vraiment pas en état de prendre ma voiture.

" Est-ce que c'est sérieux, entre Carter et toi ? " me demanda-t-elle tandis que nous roulions.

" Je ne sais pas vraiment… Nous avons une relation assez… particulière. En fait, je ne sais pas vraiment ou nous en sommes… Pourquoi cette question ? "

" Oh, comme ça… Juste avant d'être anesthésié, il a prononcé plusieurs fois ton prénom. "

Je soupirai. Tout cela était tellement compliqué, je ne savais pas quoi penser. Je fermai les yeux et m'enfonçai dans mon siège. John allait déjà tellement mal depuis quelques semaines, qu'allait-il se passer à présent ?

***

Contrairement à tout ce que j'avais craint, l'état de John n'empira pas, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Il se remit de son accident à une vitesse impressionnante, et à part quelques cauchemars qui le poursuivirent pendant une ou deux semaines, il n'en garda pas de séquelles. Au contraire, il semblait avoir réussi à surmonter le sentiment de culpabilité qu'il avait éprouvé à la mort de ce jeune garçon. Peut-être que le fait de s'être trouvé lui-même si proche de la mort lui avait fait prendre conscience que la vie qu'il avait ne méritait pas d'être gâchée par cet événement, aussi tragique qu'il ait été, et dont il n'était de plus pas responsable. Nous n'en parlâmes jamais directement, mais ce fut ce que je crus comprendre. Lorsque j'allais le voir, il me parlait du temps qu'il faisait, ou d'un film dont il avait lu la critique dans un magazine et que nous pourrions aller vois lorsqu'il quitterait l'hôpital. Il s'excusa aussi pour la dispute que nous avions eue le soir de son accident.

" Tu voulais prendre soin de moi, m'aider à aller mieux, et je t'ai repoussée… " me dit-il. " J'ai été injuste. "

Je lui dis alors de se taire et l'embrassai. Il était vivant, et pour moi c'était tout ce qui comptait.

Il demeura à l'hôpital une dizaine de jours, puis reçut l'autorisation de rentrer chez lui. Ou peut-être devrais-je dire chez nous, car il me proposa d'emménager "officiellement" avec lui. Je lui fis remarquer que c'était peut-être un peu prématuré.

" La vie est courte " me répondit-il. " Trop courte. Et je veux passer la mienne avec toi. "

Je ne répondis rien. John voulait que je devienne sa femme, et je ne savais pas quoi dire. Cela me paraissait tellement soudain… et tellement merveilleux à la fois… Le lendemain matin, lorsque je me réveillai dans ses bras, je flottais sur un petit nuage, souhaitant que mon bonheur dure pour toujours.

***

Alors que Carter se portait de mieux en mieux, l'état de Mark se dégrada rapidement dans les semaines qui suivirent. Vers la fin du mois de février, il fut pris à plusieurs reprises de convulsions et dut finalement être hospitalisé. D'après son neurochirurgien, la tumeur grossissait rapidement, et ne tarderais pas à toucher les centres nerveux. Ce n'était plus qu'une question de semaines, peut-être de jours. Bien que j'aie su depuis des moins que cela arriverait tôt ou tard, j'avais toujours refusé d'y croire. Malheureusement, cette fois-ci il me fallut bien me faire une raison, Mark allait mourir, c'était à présent inévitable.

Un soir, alors que je venais de rentrer du County, je reçus un téléphone d'Elizabeth ; Mark allait mal, il voulait me voir. Me voir une dernière fois, songeai-je tristement en refermant la portière de ma voiture. Je ne respectai pas les limitations de vitesse en me rendant à l'hôpital, et honnêtement à ce moment précis le risque de devoir payer une amende était le dernier de mes soucis. Si cela pouvait me permettre de dire au revoir à Mark avant qu'il ne s'en aille pour toujours, j'étais prête à payer n'importe quoi.

Je poussai doucement la porte de sa chambre à l'étage du service neurologique, et Elizabeth tourna vers moi un regard épuisé. Mark était étendu dans son lit, le visage blême, les yeux vides, mais l'air néanmoins heureux. Il serrait la petite Ella dans ses bras, et Rachel se tenait assise sur le bord de son lit. Mon cœur se serra en pensant aux deux orphelines qu'il laisserait derrière lui, et je m'en voulus d'arriver à ce moment-là. Elizabeth prit Ella dans ses bras et quitta la chambre après m'avoir remerciée d'être venue, et Rachel la suivit. En passant devant moi, la jeune adolescente s'arrêta et leva les yeux. Sans rien dire, elle prit ma main et la serra dans la sienne. Puis elle me lâcha et sortit à son tour. Restée seule, je m'approchai lentement du lit dans lequel Mark reposait.

" Tu es venue… " murmura-t-il.

" Tu en doutais ? " demandai-je en m'asseyant sur le bord de son lit et en prenant sa main dans la mienne.

" Pas une minute… " Sa voix était faible, il semblait chercher ses mots, avoir de la peine à s'exprimer. C'était tellement dur de le voir comme ça. " Je crois que le moment est venu de nous dire adieu " continua-t-il.

" Mark, ne dis pas ça… " Je sentis mes yeux se remplir de larmes. Je ne voulais pas dire adieu, pas déjà. C'était trop tôt, j'avais trop besoin de lui.

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Goodbye, there's just no sadder word to say
[Adieu, il n'y a juste rien de plus triste à dire]
And it's sad to walk away
[Et c'est triste de s'éloigner]
With just the memories
[Avec juste les souvenirs]

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" A la seule condition que tu ne pleures pas… je ne veux pas te voir pleurer… je veux que l'image de toi que j'emporterai avec moi soit celle de ton sourire… "

Je soupirai et m'efforçai de refouler mes larmes, puisque c'était ce qu'il désirait. " Il y a quelque chose que je voulais te dire… " dis-je alors. " John m'a demandé de l'épouser… "

" Qu'est-ce que tu as répondu ? "

" Je ne sais pas encore, je lui ai dit que j'avais besoin de temps... C'est une décision difficile à prendre… "

" Pourquoi ? "

" Parce que j'ai peur… "

" Peur que ce soit trop tôt ? De prendre une mauvaise décision ? " Je hochai la tête. " Je comprends… Mais tu ne dois pas… avoir peur… Tu mérites d'être heureuse, Susan, autant que qui que ce soit d'autre… Et je suis sûr que Carter fera un excellent époux pour toi… Tu dois écouter ce que ton cœur te dit… Et alors tu prendras forcément la bonne décision. "

Je lui souris tristement. Ecouter mon cœur n'était pas une chose facile, surtout en ce moment. Trop de choses s'y bousculaient sans que je puisse y faire le tri. J'aimais John bien plus que comme un simple ami, et sa demande m'avait énormément touchée, mais cela voulait-il dire que j'étais prête à me marier avec lui ?

" Susan ? "

" Oui ? "

" Je veux que tu me promettes une chose… N'oublies jamais ce que nous avons vécu, notre amitié… tu es la meilleure amie que j'aie jamais eu, et je veux que tu saches que même si j'ai épousé Liz et que je l'aime de tout mon cœur, jamais je ne t'ai oubliée… Tu as toujours fait partie de ma vie, et même si je m'en vais, tu resteras toujours avec moi… "

" Mark, il faut que tu te reposes… "

" A vos ordres, Docteur " fit-il avec un petit sourire.

" Ce n'est pas drôle… "

" Je suis désolé… J'ai de la chance de t'avoir pour amie, je t'ai déjà dit ça ? "

" C'est moi qui ai de la chance… " murmurai-je en déposant un baiser sur sa main que je tenais toujours dans la mienne. C'était la vérité. Jamais de toute ma vie je n'avais eu un ami comme lui, à l'exception peut-être de John. Et malgré la tristesse que je ressentais, je savais que chaque jour de ma vie je remercierais Dieu - ou qui que ce soit d'autre - pour les instants merveilleux que nous avions passés tous les deux

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I, I'll always think of you and smile
[Je penserai toujours à toi en souriant]
And be happy for the time I had you with me
[Et je serai heureuse pour le temps où je t'avais auprès de moi]

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Je m'agenouillai au pied du lit et posai ma tête sur sa poitrine. Pendant plusieurs minutes, je le sentis jouer avec mes cheveux, puis il finit par s'endormir. Je me relevai alors et l'embrassai doucement sur le front. Adieu, Mark, pensai-je en le regardant une dernière fois. Où que tu ailles à présent, j'espère que tu y seras heureux… Jamais je ne t'oublierai… Tu vivras dans mon cœur pour toujours…

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Though we go our seperate ways
[Même si nos chemins se séparent]
I won't forget so don't forget
[Je n'oublierai pas, alors n'oublie jamais]
The memories we made
[Les souvenirs que nous avons construits]

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[chapitre VII] [épilogue]