N'oublie Jamais...
Chapitre VII
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Auteur: Aline
Date de création: Mai - septembre 2001
Droits divers: Les personnages ne m'appartiennent toujours
pas (ben non, ça n'a pas changé depuis la dernière fanfic ;O)) ils sont donc
toujours la propriété de Michael Crichton et de tous les autres…
Personnages: SL / JC / MG
Note de l'auteur: Voilà, les choses deviennent sérieuses
entre John et Susan, mais je vous promets que rien ne va être simple entre eux,
du moins pas pour l'instant...
*Le texte est la propriété de l'auteur
***
Il ne se passa rien de plus entre nous cette nuit-là. John était épuisé et
ne tarda pas à s'endormir. J'allai me préparer une tasse de thé avant de ne
retourner auprès de lui et de m'étendre à ses côtés, l'observant dans
sommeil. Tandis que je le regardais dormir, il me parut soudain si fragile et
innocent que j'eus envie de le prendre dans mes bras pour ne plus jamais le
laisser s'en aller. Plus que tout, je désirais l'entendre rire, le voir à
nouveau heureux.
Je l'embrassai légèrement sur le front, puis, me blottissant tout contre lui,
m'endormis à mon tour.
Le lendemain matin, lorsque j'ouvris les yeux, ce fut pour constater que j'étais
seule. Je me levai et lorsque j'arrivai à la cuisine, une note m'y attendait,
m'annonçant qu'il était parti de bonne heure pour rattraper son travail en
retard. Rassurée, je pris mon petit déjeuner avant de me mettre moi aussi en
route pour l'hôpital.
***
De tous les hivers que j'avais passés à Chicago, celui-ci fut de loin le plus
froid, le plus sombre, le plus triste. Je continuai à voir Carter, régulièrement,
et passais de plus en plus souvent la nuit chez lui. Mais malgré tout le temps
que nous passions ensemble, quelque chose avait changé. Il était distant, ne
parlait presque que par onomatopées, s'efforçant toujours d'éviter les
conversations ayant rapport avec les urgences. J'espérais qu'avec le temps, il
parviendrait à oublier et qu'il se sentirait un peu mieux, mais ce n'était pas
le cas. Cependant, à chaque fois que je lui proposais de demander une aide
psychologique, il me répondait qu'il allait très bien et n'avait pas besoin
d'un psy pour venir fouiner dans ses affaires. Il n'y avait pourtant pas besoin
d'être un expert pour constater qu'il n'allait pas bien du tout, mais il ne
voulait rien entendre. Il lui arrivait même de me reprocher de le materner. Il
avait peut-être raison, mais pour dire vrai, je crois que j'avais compris que
mes sentiments à son égard avaient changés, et cela ne faisait que renforcer
mon inquiétude à son sujet. J'avais peur de le perdre au moment de ma vie où
j'avais le plus besoin de quelqu'un, où j'avais le plus besoin de lui.
Je n'étais d'ailleurs pas la seule à me faire du soucis. Quelques semaines après
l'accident, Kerry s'approcha à nouveau de moi.
" Susan " fit-elle en entrant dans une salle d'examen ou je finissais
de prescrire des médicaments à un malade, " est-ce que je peux vous voir
quelques instants ? "
" J'en ai encore pour une minute et je suis à vous " répondis-je
tout en terminant de m'occuper de mon patient. Je sortis ensuite de la pièce et
rejoignit le Dr Weaver dans la salle de repos.
" Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous ? " demandai-je en
m'asseyant en face d'elle.
" Il faut que je vous parle de Carter. Je suis très inquiète à son
sujet. J'ai pu constater que vous étiez devenu très proches, tous les deux,
aussi il faut que je vous demande quelque chose… "
" Je vous écoute. "
" Voilà, j'aimerais que vous tentiez de le convaincre de voir le Dr
Legaspi, juste histoire de discuter un peu avec elle. "
" Mais, le Dr Legaspi est psychiatre, c'est d'un psychologue dont il a
besoin… "
" Je sais, mais Kim à également suivi des cours de psychologie pendant
plusieurs années, et il faut qu'il parle à quelqu'un… Or je sais qu'il ne se
confiera pas de son plein gré à son entourage, et pas non plus à un étranger.
Parlez-en lui Susan, c'est important. "
Je hochai la tête, promettant que j'essaierais d'en discuter avec lui. Mais je
savais d'avance quelle serait sa réaction…
***
" Tu as mauvaise mine " fit une voix derrière moi alors que j'étais
installée dans la salle de suture, tentant désespérément de me reposer un
peu. Je travaillais déjà depuis une dizaine d'heures et étais encore loin
d'avoir terminé. On n'avait pas encore trouvé de remplaçant à Luka qui était
parti quinze jours dans sa famille en Croatie, et en attendant tout le monde se
voyait infligé de gardes de durées presque inhumaines.
" Mark, je ne t'avais pas entendu entrer " murmurai-je en relevant la
tête.
" Longue garde ? " demanda-t-il en s'asseyant sur la table en face de
moi.
" Interminable… et toi, comment te sens-tu ? "
Nous n'avions pas eu beaucoup de temps pour discuter ces derniers temps, chacun
de nous étant très occupé par nos vies privées et professionnelles.
" Ca va, ce traitement est épuisant mais nécessaire. "
" Tu as l'air plutôt bien " fis-je en me forçant à sourire.
" Ma famille me donne une raison de me battre… Tiens au fait je t'avais
dit que Rachel était revenue vivre avec Liz, Ella et moi ? "
" Non, je l'ignorais. "
" Jenn va sûrement aller travailler quelque part sur la côte ouest,
Rachel préférait rester par ici. "
" Tu dois être content de l'avoir auprès de toi, c'est un beau geste de
la part de Jennifer d'avoir accepté qu'elle reste ici. "
Mark haussa les épaules. " De toute façon, elle sait que tôt ou tard
elle retournera avec elle, je ne pense pas qu'elle voudra rester avec Liz
lorsque je… "
" Mark, je t'en prie ne parle pas comme ça… " soupirai-je, sentant
les larmes me monter aux yeux. Il posa une main sur mon épaule et me força à
le regarder.
" Je ne veux pas m'en aller, on ne le désire jamais. Mais tout le monde
meurt un jour, juste que dans mon cas ça arrivera peut-être un peu plus tôt.
Et ce que je sais, c'est que quand l'heure sera arrivée, alors j'en serai
certainement soulagé. J'ai vu trop de personne mourir de cancer pour savoir que
la mort est parfois une délivrance… "
" Mark, s'il te plaît... "
" Susan, il faut l'accepter… " Il prit ma main et la serra dans la
sienne. " Et si tu me disais ce qui te tracasse ? "
" Rien du tout… " soupirai-je.
" Susan Lewis, je te connais trop bien pour que tu puisses me mentir. Je
vois bien que quelque chose ne va pas, tu sais que tu peux m'en parler… "
" Ca concerne John " avouai-je. " Je suis inquiète pour lui…
Il ne va pas très bien en ce moment, Kerry craint qu'il ne recommence à
prendre des médicaments si on ne le surveille pas… Mais je ne suis pas sa
nounou, je n'ai pas envie de devoir passer mon temps à contrôler chacun de ses
faits et gestes, ce n'est pas mon rôle… "
" De toute façon, tu ne peux pas le surveiller, il faut qu'il trouve par
lui-même le moyen de s'en sortir, la seule chose que tu peux faire est de
l'aider à y parvenir… "
" Si seulement il me laissait le faire… "
Au même moment, John entra dans la pièce et dit à Mark qu'on avait besoin de
lui en trauma 3. Une fois Mark parti, il allait faire de même, mais je n'étais
pas décidée à le laisser s'en aller comme ça.
" John, qu'est-ce que tu dirais qu'on se retrouve pour manger quelque chose
chez Doc Magoo d'ici une heure ou deux ? "
" Pourquoi pas, je termine ma garde à vingt deux heures, on n'a qu'à se
retrouver là-bas. "
" D'accord, à plus tard. "
Il hocha la tête et tourna les talons. Quant à moi je demeurai quelques
minutes perdue dans mes pensées avant que Haleh ne vienne me prévenir qu'un
trauma arrivait.
***
La nuit m'enveloppa lorsque je quittai le County pour me rendre chez Doc Magoo.
Il était un peu plus de vingt deux heures et John devait déjà m'y attendre.
Je me sentais soulagée d'avoir terminé ma garde, mais la discussion que
j'allais devoir avoir avec Carter était loin de me réjouir. Je le connaissais
trop bien et savais pertinemment qu'il considérerait comme une tentative
d'intrusion dans sa vie le fait que je lui propose d'aller discuter avec le Dr
Legaspi. Ce qu'il refusait de comprendre, c'était qu'à présent j'en faisais
partie, de sa vie.
Lorsque j'entrai dans le petit restaurant, une serveuse était occupée à
prendre sa commande.
" Est-ce que tu veux manger quelque chose ? " me demanda-t-il alors
que je m'approchais.
Je secouai la tête, je n'avais vraiment pas faim. " Apportez-moi juste un
café " fis-je à l'attention de la serveuse, une jeune fille blonde qui ne
devait pas être âgée de vingt ans. Elle griffonna sur son calepin puis tourna
les talons tandis que je prenais place en face de John. Il avait l'air fatigué,
et tellement plus âgé. Je posai ma main sur la sienne, mais il la retira
aussitôt. Comme s'il acceptait que nous couchions ensemble, mais pas que je lui
apporte mon soutien quand il en avait besoin.
" De quoi est-ce que vous parliez, Mark et toi, tout à l'heure ? "
" De choses et d'autres, pourquoi ? "
Il se contenta de hausser les épaules et ses yeux fuirent les miens lorsque je
tentai de capter son regard. Regarde-moi, parle-moi. Pourquoi est-ce que tu
ne me dis pas ce que tu ressens ? J'avais envie de crier, mais les mots restèrent
prisonniers dans ma gorge, incapables de s'en échapper. La jeune serveuse
arriva avec nos consommations qu'elle déposa sur la table. Carter ne leva même
pas les yeux vers elle, je la remerciai d'un hochement de tête et elle se
dirigea vers d'autres clients. Je reportai mon attention sur John, à présent
occupé à jouer avec un coin de la nappe bleue qui recouvrait la table à
laquelle nous étions installés.
" John " murmurai-je dans un souffle. Il ne releva toujours pas la tête,
mais peu importait, je devais continuer. " J'ai discuté avec Kerry ce
matin, elle se fait beaucoup de soucis pour toi… tout comme moi d'ailleurs…
"
" Je n'ai pas besoin de ta pitié ou de ta compassion, et encore moins de
celle de Kerry " maugréa-t-il.
" Mais tu ne peux pas continuer à tourner le dos à tes problèmes et à
rejeter systématiquement l'aide de tes amis ! "
" Kerry est mon patron, pas mon amie. "
" Et moi ? "
" Comment ça, et toi ? "
" Qu'est-ce que je suis à tes yeux ? A chaque fois que j'essaye de
discuter avec toi je me heurte à un mur, j'ai l'impression que tu ne tolère
plus ma présence que dans ton lit ! " Il ne répondit rien et je me sentit
d'autant plus blessée. Où était passé mon Carter, celui qui était avant
tout mon ami, celui qui me parlait et m'écoutait, celui qui avait confiance en
moi ? Quelle que fut la chose qui me l'avais pris, je voulais qu'on me le
rende… " Tu n'as pas le droit de me repousser systématiquement comme tu
le fais John, ce n'est pas juste… "
" Susan, écoute, je n'ai vraiment pas envie de parler de ça, pas
maintenant, pas… "
" Pas avec moi ? " achevai-je à sa place. " Avec qui alors ? Tu
ne t'en rends même pas compte, depuis des semaines tu n'es plus que l'ombre de
toi-même ! Bien sûr ce qui s'est passé était terrible, mais jusqu'à quand
vas-tu continuer à ruminer ça ? A quoi ça sert de faire comme si c'était toi
qui étais mort ? "
" Ce qui ne sert à rien, c'est cette discussion, tu ne comprends rien !
"
" Comment pourrais-je comprendre ! Tu ne me parles presque plus ! "
" Oublie ça ! " grogna-t-il en se levant précipitamment de son siège.
Je le retins par la manche de son manteau.
" Non, John ! Je ne te laisserai pas t'enfuire comme ça ! "
Autour de nous, les conversations avaient cessé, presque tout le monde nous
regardait. Je sentais posé sur moi, sur nous, leur regards mi-curieux,
mi-affligés, mi-énervés car nous troublions le premier moment de calme qu'ils
avaient de la journée. Mais je m'en moquais, John était plus important que
tous ces gens que je ne connaissais pas. Il me jeta un regard furieux et se dégagea
d'un mouvement brusque. Je me levai alors à mon tour et lui courus presque après
jusqu'à la sortie du restaurant. Dehors, la neige avait recommencé à tomber,
et lorsque j'arrivai dans la rue, il traversait déjà la route qui séparait
Doc Magoo's du County.
" John, attention ! " hurlai-je. Mais c'était trop tard. Aveuglé par
la neige tourbillonnant autour de lui, il n'avait pas vu la voiture qui
arrivait, feux éteints, tout droit sur lui…
***
A suivre...
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