N'oublie Jamais...
Chapitre VI
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Auteur: Aline
Date de création: Mai - septembre 2001
Droits divers: Les personnages ne m'appartiennent toujours
pas (ben non, ça n'a pas changé depuis la dernière fanfic ;O)) ils sont donc
toujours la propriété de Michael Crichton et de tous les autres…
Personnages: SL / JC / MG
Note de l'auteur: Heu... encore une partie que j'ai adoré
écrire, en particulier la fin ;O)
*Le texte est la propriété de l'auteur
***
Chloe, Joe et Suzie repartirent le 29 décembre, et je recommençai à
travailler le jour suivant. J'avais beaucoup pensé à John durant ces quelques
jours, et la situation me paraissait de plus en plus bizarre. Au moment
d'arriver au County ce matin-là, j'étais partagée entre la joie et l'appréhension
de le voir, car après ce qui c'était passé, il serait impératif que nous
prenions une décision, quelle qu'elle soit.
J'arrivai avant le début de ma garde car j'avais quelques dossiers à mettre à
jour avant de commencer. Je m'étais installée dans la salle de repos et venais
de terminer lorsque Abby poussa la porte et se dirigea vers la machine à café.
" J'espère que tu as bien profité de tes quelques jours de vacances
" me dit-elle en s'asseyant en face de moi.
" Ca oui " répondis-je avec un grand sourire. " Ca m'a fait du
bien de passer un peu de temps avec ma famille, je ne les avais pas vus depuis
tellement longtemps. "
" Ta nièce est vraiment adorable, et tu as l'air de merveilleusement
t'entendre avec ta sœur… J'aimerais avoir ce genre de relation avec mon frère,
ça fait des mois qu'on ne s'est pas parlé, même au téléphone. Il n'était
pas là quand j'ai rendu visite à ma mère, je ne l'ai même pas vu… "
" Ca n'a pas toujours été facile, entre Chloe et moi, elle a traversé de
mauvaises périodes qui ont été difficiles pour tout le monde… Mais je vais
te passer les détails sordides de ma vie familiale, c'est vrai qu'à présent
tout va pour le mieux entre nous. "
Abby me sourit, puis je me décidai enfin à lui poser la question qui me brûlait
les lèvres.
" Est-ce que tu sais si Carter est de garde ? Je ne l'ai pas encore vu…
"
" C'est amusant que tu demandes ça " répondit-elle avec un regard
soupçonneux. " Pendant ces quatre jours il n'a pas arrêté de demander
quand est-ce que tu recommençais… Mais pour répondre, je crois qu'il ne
commence qu'à huit heures. "
A sa remarque, je ne pus empêcher mon teint de virer à nouveau au rouge, et,
un peu gênée, je me levai brusquement pour ranger mes dossiers. Lorsque je
retournai m'asseoir, Abby réprimait un sourire.
" Quoi ? " demandai-je innocemment.
" Oh, rien du tout… On vous voit souvent ensemble tous les deux depuis
quelques temps… "
Je ne pensais alors pas qu'un jour je dirais cela, mais je dus bien admettre être
reconnaissance à Romano lorsqu'il entra dans la salle et fit remarquer à Abby
qu'elle avait des patients qui l'attendaient. Elle s'éclipsa alors, et j'allais
faire la même chose mais Romano ne l'entendait pas de cette oreille.
" Dr Lewis " fit-il tout en fouinant dans le réfrigérateur d'où il
sortit un énorme sandwich. " Je n'ai pas encore eu le temps de m'inquiéter
de votre réintégration au sein de notre équipe. Tout ce passe bien, vous
n'avez toujours pas l'intention de nous quitter rassurez-moi ? "
" Ce n'est pas dans mes projets " répondis-je tout en restant le plus
calme du monde.
" Très bien, voilà qui m'arrange, ça m'ennuierait fortement de devoir
encore faire passer des entretiens d'embauche, je ne connais rien de plus
ennuyeux au monde. "
Je le laissai avec son sandwich sans pouvoir m'empêcher de penser que ce
personnage était sans doute le plus égocentrique avec lequel j'aie eu
l'occasion de travailler.
***
Carter n'était pas responsable de l'accident, et Dieu soit loué il ne fut pas
blessé, juste quelques égratignures. Ce qui ne fut malheureusement pas le cas
du passager de l'autre véhicule. Quelques minutes plus tôt, alors qu'il
arrivait à l'hôpital, un jeune garçon de dix-sept ans avait brûlé un feu
rouge et leurs deux véhicules s'étaient percutés. D'après Carter, le choc
n'avait pas été très violent, mais l'adolescent ne portait pas de ceinture de
sécurité et sa tête avait traversé la vitre avant. Lorsque l'ambulance
l'amena aux urgences, il souffrait de multiples épanchements sanguins au
cerveau. En réalité, il était déjà mort à ce moment-là, ou du moins dans
un profond coma duquel il ne sortirait jamais. Il fut placé sous respiration
artificielle en attendant que ces parents ne prennent une décision, mais l'EEG
n'indiquait plus aucun activité cérébrale.
" Il n'y a plus rien à faire pour lui. " maugréa Elizabeth en
quittant la salle d'urgences. " Ce gosse est donneur d'organe potentiel, tâchez
de trouver ses parents rapidement. "
John quant à lui n'avait eu droit qu'à quelques bleus et une entaille peu
profonde à l'arcade sourcilière, et il me fallut insister longtemps avant
qu'il ne me laisse lui faire les points de suture dont il avait besoin.
Lorsqu'il apprit que le jeune garçon ne s'en sortirait pas, il fut effondré.
Il n'était absolument pas fautif, lui n'avait commis aucune erreur. De plus,
les tests toxicologiques de l'adolescent révèlent un taux d'alcoolémie bien
trop élevé. Mais cela n'empêchait pas Carter de se sentir coupable de sa
mort. Kerry lui recommanda de prendre sa journée, et il quitta l'hôpital avant
que j'aie eu le temps de lui parler.
Durant les trois jours qui suivirent, il ne mit pas les pieds à l'hôpital, ne
répondit pas non plus au téléphone. Mark et Weaver me firent part de leur
inquiétude à son sujet, inquiétude que je partageais. John m'avait parlé des
problèmes de drogues qu'il avait eus un peu moins de deux ans auparavant, et de
sa crainte de replonger.
" Cet événement l'a bouleversé " me dit Kerry.
" Ce qui est compréhensible " soulignai-je.
" Bien sûr, mais depuis son agression et la mort de Lucy, Carter encaisse
mal les chocs, il est plus vulnérable. "
" Vous craignez qu'il ne recommence à prendre des médicaments ? "
demandai-je, tout en connaissant très bien la réponse.
" Il sait ce qu'il risque, et j'ai toujours pu lui faire confiance, c'est
quelqu'un de responsable. Mais aujourd'hui il a l'impression d'avoir tué ce
jeune garçon, et j'ignore ce qu'il peut se passer dans de pareils cas… "
" J'ai essayé de lui téléphoner, il ne répond jamais… "
" Vous devriez aller le voir, essayer de lui parler… "
" J'irai " affirmai-je. " Mais je crois que le fait de lui répéter
pour la énième fois qu'il n'y est pour rien ne changera pas grand chose, il
faut qu'il le comprenne par lui-même… "
Kerry hocha la tête, et je soupirai.
***
Je sonnai trois fois à la porte de son appartement, mais n'obtins aucune réponse.
Pourtant, je savais qu'il était là, et qu'il le veuille ou non, il faudrait un
jour qu'il en parle, qu'il réagisse. Il ne pourrait pas rester sa vie entière
enfermé chez lui. Je poussai doucement la porte qui s'ouvrit instantanément,
confirmant mes soupçons. S'il s'était absenté, il aurait au moins pris la
peine de la verrouiller.
" John ? " demandai-je en pénétrant dans l'appartement.
A nouveau, il ne répondit pas, ce qui ne fit qu'accroître mon angoisse.
J'aurais dû venir plus tôt, me reprochai-je. Serait-il mort que personne ne le
saurait. Je fis quelques pas dans le hall, refermai la porte derrière moi,
tentant de me calmer et de me raisonner. Il n'avait après tout peut-être tout
simplement pas envie de me voir, ou alors il se reposait.
Je pénétrai dans le living room, espérant le trouver là. Mais ce ne fut pas
le cas, pas plus que dans sa chambre à coucher ou dans aucune autre pièce.
J'allais repartir, plus inquiète que jamais, lorsque je passai devant la porte
de la chambre d'ami où j'avais logé durant quelques jours après mon retour à
Chicago. La porte était tirée, et machinalement je la poussai. Quel ne fut pas
mon soulagement de le trouver là, assis sur le lit, la tête dans les mains. La
pièce baignait dans une semi-obscurité due aux fait que les stores avaient étés
baissés et les rideaux tirés. A part celle qui venait du couloir, aucune lumière
n'éclairait la petite chambre.
" John " murmurai-je, tout en restant dans l'embrasure de la porte.
Il ne dit pas un mot, ne fit pas un geste. Parle-moi, John, dis-mois quelque
chose, pensai-je en m'approchant doucement de lui. J'ignorai ce que j'étais
en mesure de faire concrètement pour l'aider, mais j'aurais donné tout l'or du
monde pour chasser la tristesse que je lisais dans ses yeux cernés par le
manque de sommeil. Je posai ma main sur son épaule et m'assis à ses côtés, répétant
son prénom encore une fois, mais il ne bougea toujours pas.
" Pourquoi es-tu venue ? " me demanda-t-il après plusieurs minutes de
silence.
" J'étais inquiète. "
" Pour moi ? "
" Pour qui d'autre ? Tu es parti avant que j'aies eu le temps de m'assurer
que tu allais bien, l'autre jour. "
" Si c'est ça qui te préoccupe, je te rassure, ta suture est excellente,
je… "
" John, tu sais très bien que ce n'est pas de ça dont je parle…Je me
fais du soucis pour toi, tu as l'air tellement perturbé par ce qui c'est passé…
"
" Parce que ça ne devrait pas être le cas ? J'ai tué un gosse ! Bon sang
Susan tu voudrais que je réagisse comment ? Que je fasse comme si de rien n'était
? Peu-être que je n'étais pas responsable de l'accident, mais je ne me vois
pas aller dire ça aux parents de ce pauvre garçon, alors que je suis bien en
vie et que lui est mort ! "
" John, ce qui est arrivé est arrivé, le fait de rester là à te
morfondre ne va malheureusement pas le ramener à la vie ! "
" C'est pour me dire ça que tu es venue ? "
" Je suis venue parce que je me disais que peut-être tu aurais besoin
d'aide, mais apparemment tu n'es pas décidé à me laisser t'aider. "
Je me levai et m'apprêtai à repartir, mais il me retint par le poignet et
m'attira vers lui.
" Susan, excuse-moi… " murmura-t-il.
Je me laissai tomber à genoux au pied du lit, juste en face de lui, et
l'entourai doucement de mes bras. Depuis mon retour, il avait toujours été là
pour moi, chaque fois que je n'étais pas allée bien, chaque fois que je m'étais
sentie seule, chaque fois que j'avais eu besoin de quelqu'un. A présent c'était
mon tour. Il enfouit sa tête dans le creux de mon épaule, et aux soubresauts
de son corps je devinai qu'il pleurait. Je passai alors une main dans ses épais
cheveux bruns, et nous demeurâmes ainsi pendant plusieurs minutes, même après
que ses larmes eurent séché, savourant cette étrange intimité que nous
avions créée.
Après quelques instants, je m'écartai légèrement et l'embrassai doucement
sur la joue. Mais au même moment, il tourna la tête et nos lèvres s'effleurèrent.
Il murmura mon prénom, et je passai mes bras autour de son cou, me rapprochant
encore davantage de lui. Il resserra alors son étreinte et ses lèvres rencontrèrent
à nouveau les miennes, mais cette fois-ci son baiser fut plus profond, plus
intense, et un long frisson me parcourut tout le corps, comme une décharge électrique.
Jamais je n'avais rien ressenti de pareil auparavant, ou du moins pas depuis
longtemps.
" Susan " murmura-t-il encore. " Je t'aime … "
Oh John, pensai-je tristement. Est-ce que tu penses réellement ce que
tu dis ? Ou bien as-tu juste besoin d'avoir quelqu'un auprès de toi car tu te
sens seul et déboussolé ? Mais sans que je ne veuille l'admettre
consciemment, ses paroles me faisaient du bien. Cela faisait tellement longtemps
qu'un homme ne m'avait pas dit cela. La dernière fois… j'avais juste préféré
m'enfuire. Cette fois-ci je n'avais nullement l'intention de m'en aller…
***
A suivre...
[chapitre V] [chapitre
VII]