N'oublie Jamais...
Chapitre V
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Auteur: Aline
Date de création: Mai - septembre 2001
Droits divers: Les personnages ne m'appartiennent toujours
pas (ben non, ça n'a pas changé depuis la dernière fanfic ;O)) ils sont donc
toujours la propriété de Michael Crichton et de tous les autres…
Personnages: SL / JC / MG
Note de l'auteur: Rien de particulier au sujet de cette
partie, mis à part que j'ai adoré l'écrire (ceux qui me connaissent
comprendront vite pourquoi, n'est-ce pas Jarleen ;O)
*Le texte est (toujours, je l'ai pas vendu depuis ;O) la propriété de l'auteur
***
Les jours passèrent, formant des semaines et des mois, et on fut en décembre
sans que j'aie vu le temps passer. Je m'étais lentement réinstallée dans la
routine du travail aux urgences, avais sympathisé avec mes nouveaux collègues,
appris à détester le Dr Romano - comparé à qui même la Kerry Weaver que
j'avais connue était un ange.
Mon amitié avec Carter s'était renforcée au fil des semaines. Après que
j'avais enfin pu m'installer dans mon appartement, il venait souvent me rendre
visite, et nous pouvions passer de longues heures à discuter et à rire
ensemble.
Les plus grands sujets de fou-rires entre Carter et moi résidaient dans les échecs
répétitifs de tous mes rendez-vous, au point que j'en était arrivée à la
conclusion que je devais attirer à moi seule tous les cas désespérés de
cette ville. Mike était avocat, brillant et réputé de surcroît. Il était également
hypocondriaque, et avait passé la soirée entière de notre unique sortie à me
questionner sur le million de maladies rares dont il était persuadé de
souffrire. Jason lui n'avait pas vraiment d'emploi, il travaillait
occasionnellement comme renfort du personnel d'entretien de l'hôpital.
Charmant, très poli et flatteur, plutôt joli garçon, j'ignorais que grâce à
ces multiples qualités, il était marié et avait déjà plusieurs maîtresses.
Je cessai de le voir bien avant que mon nom de s'ajoute à la liste. En quelques
mois, je fis réellement la connaissance de plus de tordus que je n'en avais
jamais rencontrés en dix ans de carrière de médecin, et pourtant certains cas
que l'on traite dans un service d'urgences mériteraient parfois un prix Nobel
de bizarrerie - si toute fois cela avait existé.
Mark quant à lui ne se portait pas vraiment mieux, mais grâce à la radiothérapie
son état n'avait pas empiré non plus. Je m'étais beaucoup rapprochée de sa
famille, et m'entendais à merveille avec Elizabeth qui était vraiment
quelqu'un de formidable. Je m'étais à plusieurs reprises occupée de la petite
Ella lorsqu'ils travaillaient tous les deux et que ce n'était pas mon cas, ils
m'avaient quelques fois invité à aller manger chez eux. J'avais réellement
pris conscience que je n'étais plus amoureuse de Mark. Nous avions eu notre
chance des années auparavant et n'avions pas su la saisir. Et même si je le
regrettais encore parfois, j'appréciais plus que tout l'amitié qui nous
unissait.
Mais malgré cela, je n'avais pu m'empêcher de remarquer les changements
survenus dans ses attitudes, dans son caractère en général, et qui s'étaient
exprimés très clairement le jour de mon arrivée. Ce n'était pas tout le
temps, mais souvent je le trouvais plus agressif, que ce soit vis-à-vis de ses
patients ou de ses collègues - jamais par rapport à moi ou Elizabeth
toutefois. Il semblait également toujours sur la défensive, il avait tendance
à prendre chaque remarque qu'on lui faisait pour une critique, parfois pour une
menace. On m'avait également donné davantage de détails sur ce patient qui était
mort entre ses mains durant le mois de mai précédent. Officiellement, il avait
essayé de le sauver, mais tout le monde savait sans pouvoir en être vraiment sûr
qu'il l'avait laissé mourir. En tant que médecin, je savais que ce genre de
troubles du comportement peuvent être une des conséquences de ce dont il
souffrait, il n'y avait rien à faire. En tant qu'amie, cette idée m'était
insupportable.
***
La semaine avait été particulièrement froide et il avait commencé à neiger
quelques jours plus tôt. Assise dans le gigantesque hall de l'aéroport, je
feuilletais un magazine en attendant que le vol de Phœnix arrive. Chloe, Joe et
Suzie avaient décidé de venir passer les fêtes à Chicago, et ma nièce était
particulièrement heureuse à l'idée de voir de la neige pour la première fois
de sa vie. Quant à moi j'étais ravie de revoir enfin ma famille. Ils m'avaient
terriblement manqué, tous les trois, et je me réjouissais depuis des semaines
de les avoir à la maison pour Noël.
" Tante Susan ! "
Je relevai la tête en entendant le cri de ma nièce, me levai et l'accueillis
dans mes bras.
" Salut petite sœur ! " s'exclama Chloe en me serrant dans les siens.
" On a bien eu de la peine à faire tenir Suzie en place tellement elle se
réjouissait de te revoir " ajouta Joe avec un sourire amusé.
Il nous fallut près d'une heure pour récupérer leurs bagages tant le
personnel de l'aéroport était débordé. Lorsque enfin nous pûmes partir, il
était prêt de vingt heures et la nuit était déjà bien installée. Malgré
les avertissements de ses parents, Suzie se jeta dans le premier tas de neige
qu'elle vit, mais ne s'était pas attendue à ce que ce soit aussi froid. Ce
soir-là, nous mangeâmes rapidement puis j'allai coucher ma nièce qui avait de
la peine à tenir debout tant elle était fatiguée. Je lui lus une courte
histoire, puis, lorsqu'elle fus endormie, je quittai discrètement la petite pièce
dans laquelle je l'avais installée. C'était tellement bon de la revoir. Elle
me manquait certes moins qu'au tout début, mais chaque jour je continuais de me
demander constamment ce qu'elle faisait. Je retournai dans le living room où
Joe et Chloe m'attendaient, installés sur le canapé.
" Il y a quelque chose dont on doit te parler petite sœur " me
dit-elle tandis que je m'asseyais sur un fauteuil en face d'eux. Son époux lui
prit tendrement la main et la porta à ses lèvres. J'enviais leur bonheur et
espérait vraiment trouver un jour un mari qui serait aussi attentionné pour
moi que Joe l'était pour mon aînée.
" Je suis enceinte " m'annonça-t-elle alors avec un immense sourire.
" Chloe s'est merveilleux ! " m'exclamai-je en me précipitant vers
elle pour la prendre dans mes bras. " Je suis tellement contente pour vous
deux, toutes mes félicitations ! "
" Et il y a autre chose " continua Joe après avoir jeté un coup d'œil
à Chloe. " Nous envisageons de quitter Phœnix. On m'offre un poste à
Cincinnati, nous n'avons encore rien décidé mais il y a de grandes chances que
j'accepte. "
" On pourrait se voir beaucoup plus souvent, Cincinnati n'est qu'à quatre
ou cinq heures de voiture de Chicago. " ajouta Chloe.
" Ce serait vraiment formidable " répondis-je. " Vous me manquez
beaucoup. "
" Hé, tu nous manques aussi, Grande Susie ! " fit ma sœur en m'assénant
un coup de poing dans l'épaule. " Ce n'est plus la même chose maintenant
que tu n'es plus tout le temps dans mes pattes ! "
" La seule chose que nous ne regrettons pas, c'est ta cuisine ! "
renchérit Joe avec un sourire espiègle. Il avait toujours particulièrement
aimé se moquer de mes piètres talents de cuisinière, et je n'avais pas
vraiment d'arguments pour me défendre.
" Très amusant, je suis morte de rire " répondis-je avec une
grimace. " Vous êtes vraiment très drôles tous les deux ! "
Ils éclatèrent de rire et je ne pus pas me retenir de les imiter.
***
Quelques jours avant Noël, Elizabeth m'arrêta dans les couloirs de l'hôpital
pour m'inviter à la fête qu'ils organisaient pour le 25 décembre. Je faillis
décliner son invitation, puis réalisai que ce serait certainement le dernier
Noël que je passerais auprès de Mark. Je lui demandai si la présence de
Chloe, Joe et Suzie la dérangerait, et comme elle me répondit qu'elle serait
ravie de faire connaissance avec ma famille, j'acceptai finalement.
Nous arrivâmes chez les Greene aux environs de vingt heures. Plusieurs de nos
collègues avaient également été invités, et Carter était déjà là. La
petite Ella jouait tranquillement dans un coin du living room, et Suzie alla
tout de suite vers elle. Elle avait toujours adoré jouer à la petite maman en
s'occupant d'enfants plus jeunes qu'elle. Je présentai Chloe et Joe à
Elizabeth, saluai Carter et enfin m'étonnai de l'absence de Mark.
" Il est allé chercher Rachel chez sa mère, ils ne devraient pas tarder
à être de retour " m'apprit Elizabeth.
En effet, Mark arriva avec sa fille quelques minutes plus tard. La petite Rachel
avait incroyablement grandi et changé. La fillette turbulente de sept ans en
avait à présent treize et ressemblait de plus en plus à son père, alors
qu'enfant elle était le portrait craché de sa mère. Elle salua poliment tout
le monde avant de se rendre dans sa chambre où elle resta jusqu'à ce que l'on
mange.
" Je suis content que tu sois venue " me dit Mark en me prenant dans
ses bras.
" Et ça m'a fait très plaisir que vous nous invitiez " répondis-je
avec un sourire. " Tu te souviens bien entendu de Chloe et Joe "
continuai-je en désignant ma sœur et mon beau-frère.
" Bien sûr " Il embrassa Chloe, serra amicalement la main de Joe,
puis jeta un œil en direction des deux petites filles qui s'amusaient avec les
jouets d'Ella. " Et voilà j'imagine la petite Suzie… qui n'est plus si
petite que ça. "
Chloe sourit et appela ma nièce pour qu'elle vienne dire bonjour.
" Tu étais aussi petite que Ella la dernière fois que je t'ai vue "
lui dit-il en la soulevant du sol. " Tu es une grande fille maintenant !
"
Elle lui sourit timidement puis il la reposa par terre et elle courut aussitôt
continuer de jouer.
" Rachel aussi a bien grandi " constatai-je tandis qu'il suivait ma nièce
du regard avec un sourire.
" C'est vrai, et honnêtement ni Jennifer ni moi ne savons plus quoi en
faire depuis quelques temps. Il paraît que c'est l'âge, mais elle est
particulièrement difficile en ce moment. "
" J'imagine que la situation ne doit pas être évidente pour elle…
"
" Elle ne réalise pas vraiment ce qui se passe, parce que j'ai guéri une
fois, elle imagine que ce sera pareil cette fois-ci… J'ignore comment lui
faire comprendre que ce ne sera pas le cas… "
Un voile passa sur son visage et je pris sa main dans la mienne. Lorsqu'il
faisait mention de sa tumeur et du fait qu'il soit condamné, j'avais toujours
l'impression qu'il parlait de quelqu'un d'autre, que cela ne le touchait pas. Il
serra ma main et me sourit tristement. Au même moment, je sentis un bras passé
autour de mes épaules. Je me retournai pour constater qu'il s'agissait de
Carter.
" Elizabeth demande que l'on passe à table. "
" Abby et Luka ne sont pas encore arrivés ? " s'étonna Mark en
jetant un coup d'œil à sa montre.
" Ils ont téléphoné pour dire qu'ils viendraient un peu plus tard, Abby
revient de chez sa mère en Floride et son vol a eu un peu de retard. "
Mark hocha la tête, puis tous les trois rejoignîmes les autres à la salle à
manger. Elizabeth était bien meilleure cuisinière que moi. Elle avait préparé
une dinde farcie tout simplement délicieuse, accompagnée de purée de pommes
de terre et d'une jardinière de légumes. Lorsque Rachel lui fit remarquer que
la dinde était un repas de Thanksgiving et non de Noël, elle répondit
simplement que dans son pays, les gens ne fêtent pas Thanksgiving et mangent de
la dinde à Noël. Suzie babilla joyeusement durant la majeure partie du repas,
ses parents avaient d'ailleurs beaucoup de peine à la faire tenir en place. Les
fêtes de fin d'année avaient toujours eu cet effet sur elle, même si en général
elle était une petite fille plutôt calme, cette période de l'année la
mettait toujours dans un état d'excitation incroyable.
Luka et Abby arrivèrent peu après que nous ayons terminé de manger. Leur
relation avait connu des hauts et des bas, ce qui d'après Carter avait toujours
été le cas, mais depuis quelques temps ils semblaient être à nouveau très
heureux ensemble et formaient d'ailleurs un couple adorable.
J'étais perdue dans mes pensées, accoudée à la barrière de la terrasse à
observer le ciel, lorsque Carter me rejoignit.
" Il fait un froid de canard ici " constata-t-il en s'installant à côté
de moi. " Tu n'as pas froid ? "
" Ca va, j'avais besoin de prendre un peu l'air. "
Aucun de nous ne parla pendant quelques minutes avant qu'il ne reprenne la
parole.
" Il semblerait que nous soyons les deux seuls célibataires ici "
" Je sais " répondis-je avec un sourire. " C'est déprimant.
" Je tournai la tête vers lui et, sans que je comprenne pourquoi, son
regard posé sur moi me troubla. C'est alors qu'il se pencha sur moi et
m'embrassa, doucement, ses lèvres effleurant à peine les miennes. Surprise, je
le laissai faire, sans trop savoir quoi penser. J'aimais beaucoup Carter, mais
de cette façon-là ? Je l'ignorais, en réalité je n'y avais même jamais réellement
songé. Il était un ami exceptionnel et l'idée que notre relation puisse aller
plus loin ne m'avais jamais vraiment effleurer l'esprit.
" John… " murmurai-je lorsqu'il s'écarta. " Qu'est-ce que… ?
"
" Susan, tu sais j'ai beaucoup réfléchi et… "
La voix d'Abby l'interrompit. " Les enfants réclament pour ouvrir leurs
cadeaux, est-ce que vous vous joignez à nous ? "
Je hochai la tête, mal à l'aise, et retournai à l'intérieur suivie par
Carter.
***
J'avais obtenu quelques jours de congé et je les passai en compagnie de ma
famille. Le lendemain de Noël, Chloe et moi décidâmes d'aller rendre visite
à nos parents. Je les avais prévenu de mon retour quelques semaines plus tôt
à peine, et avais eu droit à cette occasion a une magnifique leçon de morale
de ma bien aimée mère. Je ne m'étais jamais réellement bien entendu avec
elle, pas plus d'ailleurs que Chloe. C'était une femme dominatrice qui aimait
avoir son influence sur son petit monde. Lorsque Chloe était partie et que je
m'étais retrouvée seule avec Suzie, elle m'avait presque interdit de la faire
adopter. Mais elle avait également refusé catégoriquement de s'en occuper.
Heureusement que j'avais alors pu compter sur mon père avec qui, même s'il était
la plupart du temps dominé et dirigé par notre mère, je m'étais toujours
mieux entendue.
" Ca alors, je ne pensais pas vous revoir un jour toutes les deux "
fit ma mère, sarcastique, lorsqu'elle vint nous ouvrir.
" Maman je t'en prie, ne commence pas… " soupira ma sœur.
" Mes petites filles ! " s'exclama alors papa en sortant du salon.
" Qu'est-ce qui vous amène ? "
" Nous voulions juste venir vous dire bonjour " répondis-je en
prenant mon père dans mes bras.
" Et aussi vous souhaiter un joyeux Noël " ajouta ma sœur en
l'embrassant à son tour.
" C'était hier, Noël " rétorqua maman en passant à côté de nous.
" Ne restez donc pas là, venez vous asseoir. "
Nous lui emboîtâmes le pas et la suivîmes au living room.
" Chloe, pourquoi ne pas m'avoir amené ma petite fille ? " questionna
mon père en la prenant par la taille.
" J'aurais aimé " mentit ma sœur, " mais Suzie dormait encore
lorsque nous sommes parties. "
" Et bien dans ce cas il faudra que tu l'embrasse de la part de son papy.
" Chloe hocha la tête, mais omit volontairement de leur parler de sa
grosse et de la possibilité qu'ils s'installent à Cincinnati. Elle savait que
si elle le faisait, maman ne cesserait de la harceler jusqu'à ce que la décision
définitive ne soit prise.
" Susie, tu travaille de nouveau dans cet hôpital ? "
" Oui, papa, j'ai recommencé presque immédiatement après mon retour à
Chicago. "
" Je n'en reviens toujours pas que tu aies attendu tout ce temps avant de
nous dire que tu étais revenue " soupira ma mère. " Et pourquoi être
retourné travailler là-bas, tu ne pourrais pas ouvrir un cabinet, ou te faire
engager dans une clinique ? Tu passes ton temps à travailler, à ton âge il me
semble qu'il serait plus que grand temps que tu te maries, que tu fondes une
famille… "
" Maman, par pitié… Nous avons déjà eu cette conversation, ce n'est
pas pour ça que nous sommes venues… "
" De toute manière tu trouves un moyen d'éviter les discussions quand tu
sais que tu as tord. "
" Cookie, s'il te plait… " commença mon père.
" Henry ne t'en mêle pas, c'est entre Susan et moi ! "
" Maman tu dépasses les bornes ! "
" Chloe tu ne vas pas aussi commencer ! Qu'est-ce que vous avez tous à la
fin ? "
Je fis signe à ma sœur de ne rien ajouter. J'avais tout sauf envie de me
disputer avec ma mère ou de voir Chloe le faire à ma place. " Tu as
raison, maman, je suis une mauvaise fille, indigne sans doute de toi, mais
malheureusement je suis telle que je suis et il te faudra un jour l'admettre !
Je crois que nous n'allons pas prolonger cette visite plus longtemps, nous
n'aurions certainement même pas dû venir. "
" Ca ne fait même pas cinq minutes que vous êtes là ! "
protesta-t-elle.
" Et bien ce sont cinq minutes de trop " rétorqua ma sœur d'un ton
tranchant.
Nous nous dirigeâmes toutes les deux vers la sortie, escortées par papa.
" Je suis vraiment désolée de l'attitude de ta mère, Susie " me
dit-il sur le pas de la porte, alors que Chloe avait déjà regagné la voiture.
" Elle peut dire ce qu'elle veut, je suis très fier de ce que tu es
devenue. "
" Merci papa " murmurai-je en l'embrassant. Puis je tournai les talons
et rejoignis ma sœur. Je ne prononçai pas un mot durant tout le trajet du
retour, ne pouvant m'empêcher de ruminer les paroles de ma mère. Dans un sens,
elle n'avait après tout peut-être pas entièrement tord. Je venais d'avoir 34
ans, et n'avait même jamais eu une relation qui ait duré plus de quelques
mois. La seule plus ou moins sérieuse que j'avais eu en réalité était Div
Cvetic, mais en y repensant je ne m'étais jamais imaginé finir ma vie à ses côtés,
pour la simple et bonne raison que je ne l'avais jamais réellement aimé. Cette
réflexion m'amena malgré moi à penser à Carter et ce qui s'était passé
entre nous le soir précédent. Ce n'était pas facile à admettre, mais
lorsqu'il m'avait embrassée, malgré la surprise que j'avais ressentie, j'avais
adoré ça. En fait, je crois que j'avais inconsciemment espéré qu'il le
ferait. Pour la première fois de ma vie, je pensai à Carter autrement que
comme le jeune médecin dont j'étais "juste" l'amie. Et si notre
amitié avait pris une autre tournure ? Après tout, cela m'était déjà arrivé
une fois… Mais que ressentais-je pour Carter ? Plus j'y pensais, moins je
trouvais de réponse… Il avait pris soin de moi lorsque j'avais été malade
l'automne précédent, mais ce n'était pas tout… Lorsque quelque chose me
tracassait, que ce soit en rapport avec le travail ou non, je savais que si je
souhaitais lui en parler, il m'écoutait toujours. Il y avait très peu de
personnes que j'avais connues et dont je pouvais dire la même chose…
" Allô la lune, ici la Terre ! "
La main que Chloe agita devant mes yeux me ramena à la réalité. " Est-ce
que je peux savoir à quoi tu penses ? Oh, la bonne question serait peut-être
"A qui ? " "
" Chloe, je t'en prie… "
" Allez quoi Susie, ne me dit pas que tu n'as pas quelqu'un en vue !
D'ailleurs, j'ai bien remarqué les petits regards que le Dr Carter et toi vous
lanciez hier soir chez les Greene ! "
" Il n'y a rien du tout entre Carter et moi ! " me défendis-je.
" Vraiment ? "
" Vraiment ! "
" Je veux bien te croire, mais dans ce cas il faudra que tu m'expliques
pourquoi tu es soudainement devenue aussi rouge qu'une écrevisse ! "
Je refusais de donner raison à Chloe et à ses insinuations, mais ne parvins
pas non plus à protester de manière convaincante. Je préférai donc me taire,
et laisser l'avenir me dire si mon aînée avait ou non raison.
***
A suivre...
[chapitre IV] [chapitre
VI]