N'oublie Jamais...
Chapitre II
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Auteur: Aline
Date de création: Mai - septembre 2001
Droits divers: Les personnages ne m'appartiennent toujours
pas (ben non, ça n'a pas changé depuis la dernière fanfic ;O)) ils sont donc
toujours la propriété de Michael Crichton et de tous les autres…
Personnages: SL / JC / MG
*Le texte est la propriété de l'auteur
***
Je ne dormis pas très bien cette nuit-là. Etendue sur le lit de la chambre
d'amis, je demeurai longtemps les yeux ouverts dans le noir sans parvenir à
trouver le sommeil. Les paroles de Carter me hantaient. Je pensais sans cesse à
Mark, mourrant, puis marié et père de famille une seconde fois… Dans un
sens, cela pouvait expliquer les longs mois durant lesquels je n'avais reçu
aucunes nouvelles, mais en même temps j'étais terriblement déçue. J'aurais
espéré que si Mark se remariait, il m'en aurait prévenue. Pas forcément
m'inviter au mariage, mais pourquoi pas, après tout. Car j'y serais
certainement allée… Et s'il n'avait pas survécu à sa tumeur ou à son opération,
m'en aurait-on prévenue ? Quelqu'un m'aurait-il téléphoné, un matin, pour
m'annoncer que celui qui avait été la mon ami le plus proche était décédé
? En réalité, ça n'expliquait rien du tout. Pourquoi Mark avait-il cessé de
m'écrire après avoir découvert qu'il allait peut-être bientôt mourir ? Même
une fois endormie, mes pensées ne purent se détacher de lui. Je passai une
nuit agitée, entrecoupée de rêves étranges ou des images d'enterrements et
de mariages se succédaient. Lorsque je me réveillai enfin, mes joues étaient
humides et j'en conclus que j'avais dû pleurer durant mon sommeil.
La journée passa extrêmement vite. Je commençai par appeler Chloe dès que
j'en eus l'occasion et passai une bonne heure au téléphone. Je lui racontai ce
que Carter m'avait appris le soir précédent et eus du mal à retenir mes
larmes. J'en voulais un peu à Mark de m'avoir ainsi exclue de sa vie, mais
surtout je m'en voulais à moi-même. Il était peut-être marié, mais j'aurais
tout de même souhaité être auprès de lui lorsqu'il avait eu à traverser
cette épreuve. Parce que c'est le rôle d'un ami.
Plus tard dans la journée, je décidai d'aller faire les courses que j'avais
abandonnées le jour précédent. J'errai pendant plusieurs heures à travers
les rues inondées de Chicago et entre les rayons des magasins d'alimentations,
puis m'occupai comment je pus durant le reste de la journée. Carter rentra aux
environ de vingt heures. J'avais décidé de faire quelque chose à manger, et
avais préparé des pâtes au saumon, seul plat que j'étais capable de cuisiner
sans risquer que tout ne soit brûlé et immangeable.
" C'est délicieux ! " fit John en reposant ses couverts à côté de
son assiette. " Je crois que je vais t'engager pour faire la cuisine chez
moi plus souvent ! "
" Tu risquerais de manger tous les jours la même chose ! " répondis-je
ne riant.
" Est-ce que tu as réussi à atteindre l'agence immobilière ? "
Je soupirai. Je leur avais téléphoné une dizaine de fois durant toute la
journée, et la seule fois où je n'étais pas tombée sur un répondeur, on
m'avait annoncé que l'appartement ne serait pas prêt avant encore au moins
trois jours.
" Tu sais " repris Carter, " tu peux rester ici aussi longtemps
que ce sera nécessaire. "
" Tu es sûr que ça ne te dérange pas ? "
" Bien sûr que non, au contraire, je suis vraiment content que tu sois là.
"
" Je ne sais pas comment te remercier, c'est vraiment gentil de ta part de
m'accueillir chez toi. "
" Ca me paraît bien naturel, c'est à ça que servent les amis. "
Je lui souris, il était vraiment adorable avec moi.
" D'ailleurs j'y pense, je suis de repos demain, si le temps s'améliore je
voulais te proposer d'aller pique-niquer au bord du lac. "
" Ca me semble être une excellente idée " répondis-je tout en
jetant un œil par la fenêtre. Il avait cessé de pleuvoir, et il semblait
qu'il était permis d'espérer une amélioration pour le lendemain.
" Super, il ne reste qu'à croiser les doigts pour que le soleil soit de la
partie " répliqua-t-il. Mais déjà mon esprit n'était plus du tout dans
la conversation. Les yeux perdus dans le vague, je pensais une fois encore à
Mark. Il rentrait après-demain, lundi, le même jour où je commençais à
travailler au County. Comment allait-il réagir ? Lui arrivait-il encore de
penser à moi de temps en temps depuis qu'il était marié ? Carter passa une
main devant mes yeux, me ramenant à la réalité.
" A quoi est-ce que tu penses ? "
" Oh, rien de très important… "
" Tu te demande comment Mark va réagir à ton retour ? Et comment tu vas
toi-même réagir en le revoyant ? " demanda John, comme s'il avait lu dans
mes pensées.
" Je me pose des questions, Carter. Mais je n'ai pas envie de parler de
Mark pour l'instant… Tu as passé une bonne journée ? "
Il haussa les épaules. " Pas plus mauvaise qu'une autre, ni vraiment
meilleure. Beaucoup de patients, quelques cas graves, la routine. "
Ses paroles n'attristèrent. Lorsque j'étais partie, Carter avait une vraie
passion pour ce qu'il faisait, il suffisait de voir ses yeux briller lorsqu'il
évoquait un ou l'autre des cas sur lesquels il avait travaillé pour s'en
rendre compte. Il mettait parfois tellement d'enthousiasme à nous parler des
malades qu'il avait vu que cela nous faisait rire. Jamais je crois que je n'ai
vu un étudiant en médecine aussi passionné que Carter. A présent, j'avais
l'impression qu'il éludait toutes les questions que je lui posais et qui
avaient un rapport avec les urgences. Son visage ne s'animait plus de la même
manière à l'évocation du travail qu'il fournissait en tant que médecin. Il
se montrait intéressé par de nombreux sujets, mais plus par sa profession. Du
moins, plus autant que ça avait été le cas.
" Je crois que je vais aller me coucher " dit-il quelques minutes plus
tard, alors que nous finissions de débarrasser la table. " Je suis
vraiment exténué. "
" Bonne nuit " murmurai-je quand il quitta la pièce. Je l'imitai peu
après et m'endormis à peine avais-je posé la tête sur l'oreiller.
***
Je me réveillai le lendemain matin pour m'apercevoir que le soleil m'avait
devancée. Une lumière douce et claire se glissait à travers les stores, et
lorsque je les ouvris, je constatai avec joie que non seulement la pluie n'avait
pas repris, mais qu'en plus les nuages s'en étaient allés. Je sortis de la
chambre et me dirigeai vers la cuisine. John s'y trouvait déjà, occupé à
faire cuire quelque chose dans une poêle. En m'entendant entrer dans la pièce,
il se tourna et me sourit.
" Tu as bien dormi ? "
" Comme un bébé " répondis-je en lui rendant son sourire.
" Bien. J'ai préparé le petit-déjeuner, j'espère que tu as faim. "
" Je suis affamée… Ca sent bon, qu'est-ce que c'est ? "
" Ah, spécialité familiale ! "
Je ne pus m'empêcher de rire. " Parce que non seulement tu fais la
cuisine, mais en plus tu as des "spécialités familiales" ? Je suis
très impressionnée ! "
" Tu serais très étonnée du nombre de choses que tu ignores à mon sujet
! " répondit-il en riant. Je m'installai sur une chaise tandis qu'il
vidait le contenu de sa casserole dans deux assiettes qu'il disposa ensuite sur
la table, avant de s'asseoir en face de moi. Nous mangeâmes en silence, je fus
réellement surprise des talents culinaires de Carter. Lorsque nous eûmes
terminé notre repas, je l'aidai à faire la vaisselle. Il me parla de ce qui s'était
passé aux urgences depuis mon départ : l'agression de Mark, son idylle avec ce
chirurgien anglais, la naissance du fils de Benton, le départ de Doug, la
grossesse de Carol, le mariage de Jeanie, l'adoption de ce petit garçon séropositif
et sa démission … Même si Mark m'avait déjà raconté la majeure partie de
ces événements, je l'écoutai avec plaisir. Mais quand il en vint à parler
des problèmes que ce dernier avait rencontré à cause d'un patient qu'il
aurait délibérément laisser mourir, je ne parvins à le croire.
" Mark ne ferait jamais ça ! " m'exclamai-je.
" Pas le Mark que tu connais " soupira Carter. " Mais malgré son
mariage et la naissance de sa fille, les deux dernières années ont été
difficiles pour lui, avec la mort de ses parents, sa tumeur… Je crois qu'il a
beaucoup changé… "
Avec ce que me racontait John, je ne pouvais m'empêcher de me sentir inquiète.
Mais surtout, je me faisais de plus en plus de soucis concernant sa réaction à
mon retour. Allait-il me reprocher de ne pas l'avoir prévenu ? Ou au contraire
serait-il ravi de me revoir ? Que resterait-il de l'amitié profonde que nous
avions bâtie ? Je secouai légèrement la tête. Je n'avais pas vraiment envie
de penser à tout ça pour l'instant, je préférais attendre et voir ce qui se
passerait.
" Lorsque je suis passée au County l'autre jour, j'ai vu cette jeune étudiante
asiatique qui travaillait là avant mon départ… comment s'appelle-t-elle déjà
? "
" Tu veux parler de Deb ? "
" Oui, oui c'est ça… je croyais qu'elle était partie ? "
" Elle est revenue depuis deux ans environ, et à présent elle se fait
appeler Jing-Mei… Ca a dû vous faire bizarre, non, de revenir après tout ce
temps… "
" Oui, ça tu peux le dire ! J'ai l'impression que tout a tellement changé…
tellement de nouveaux visages… "
" On organisera une petite fête pour votre retour, comme ça vous pourrez
faire la connaissance de tout le monde ! "
" Pas ça Carter, je t'en prie ! " m'exclamai-je en riant. J'avais
toujours eu horreur des fêtes organisées en mon honneur, et il le savait très
bien. C'est pourquoi je savais que je devais doublement m'y attendre.
***
Malgré le soleil qui brillait à présent, haut dans le ciel de ce début d'après-midi,
l'air restait vif et frais. Mais cela n'avait pas empêché un nombre
impressionnant de familles de profiter de ce dimanche ensoleillé pour venir
pique-niquer et jouer avec leurs enfants au bord du lac. Tandis que nous nous
installions sur l'herbe encore humide, une fillette blonde de cinq ou six ans
passa en courant à côté de nous, suivie de sa maman. Je ne pus m'empêcher de
penser à Suzie. Que je le veuille ou non, ma nièce me manquait terriblement.
Je savais que j'avais eu raison de partir, mais ne plus être auprès d'elle
tous les jours restait très douloureux. Tandis que je regardais la petite fille
s'éloigner, je sentis la main de Carter se poser sur la mienne.
" Elle te manque… "
Je me contentai de hocher la tête. Puis je sortis de mon sac la photo dont je
ne me séparais jamais et la lui tendis. Elle avait été prise au printemps précédent,
le jour de son anniversaire. Elle était sur mes genoux, regardant d'un air émerveillé
le gâteau orné de six bougies posé devant elle.
" Elle te ressemble " constata-t-il en examinant la photo.
C'était vrai. Beaucoup de gens le disaient, Suzie me ressemblait davantage
qu'elle ne ressemblait à Chloe. D'après Joe, c'était parce que nous avions
les mêmes yeux.
Nous passâmes l'après-midi au bord du lac, Carter et moi. Et ce fut l'une des
plus belles journées de ma vie. Je crois que j'avais oublié combien il est agréable
de ne rien faire, juste rester là avec un ami à regarder les enfants jouer
autour de vous, à parler du temps qu'il fait, à observer le soleil tandis
qu'il se couche… A quelques exceptions près, ma vie entière n'a toujours été
qu'une espèce de course sans but réel, et ce jour-là fut le premier depuis
longtemps où je ne pensai ni à mon travail, ni à qui s'occuperait de Suzie
lorsqu'elle sortirait de l'école, ni à chercher un nouvel appartement. Lorsque
nous rentrâmes à la tombée de la nuit, je me sentais réellement bien, détendue.
" Prête à recommencer le travail ? " me demanda Carter peu avant que
je n'aille me coucher. Je hochai la tête. En réalité je me réjouissais. Je
savais que travailler à nouveau dans ce décor familier, retrouver quelques-uns
de mes anciens amis était une des choses que j'avais le plus désiré depuis
cinq ans. A présent, cela allait enfin devenir vrai. Je remercia Carter pour la
merveilleuse journée que nous avions passée, puis regagnai ma chambre où je
ne tardai pas à m'endormir.
***
A suivre...
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