N'oublie Jamais...
Chapitre I
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Auteur: Aline
Date de création: Mai - septembre 2001
Droits divers: Les personnages ne m'appartiennent toujours
pas (ben non, ça n'a pas changé depuis la dernière fanfic ;O)) ils sont donc
toujours la propriété de Michael Crichton et de tous les autres…
Personnages: SL / JC / MG
Note de l'auteur: Je tiens juste à rapeller que cette fic
se situant au début de la saison 8, elle peut contenir des spoilers concernant
la saison 7...
*Le texte est la propriété de l'auteur
***
Une des seules chose que j'ai toujours regretté de Phœnix - à part ma
famille, cela va de soit - est sans aucun doute le climat qui y règne. Un peu
sec parfois, mais tellement agréable comparé à celui de Chicago, qui doit
certainement être une des villes les plus froides des Etats-Unis…
Je suis arrivée un dimanche soir, fin d'une journée de début octobre qui
avait dû être grise et pluvieuse. L'air était vif, et alors que j'avais quitté
Phœnix en plein été, ici j'avais l'impression d'être déjà presque en
hiver. Peu avant mon départ, l'agence immobilière m'avait téléphoné pour me
prévenir que mon appartement ne serait pas prêt avant quatre ou cinq jours, ce
qui, m'obligeait à trouver un hôtel le plus rapidement possible. Je me
rappelais qu'il y en avait un à une quinzaine de minute du County et j'espérais
de tout cœur qu'il y aurait encore de la place, je n'avais absolument aucune
envie de chercher un endroit pour dormir la moitié de la nuit. Heureusement
pour moi, il y avait plusieurs chambres de libre et je pus même choisir celle
que je préférais. Mais honnêtement, épuisée comme je l'étais, je crois que
j'aurais été capable de dormir à peu près n'importe où. A cause du décalage
horaire ainsi que des longues heures passées dans l'avion, je me sentais tout
simplement lessivée. Si bien que lorsque j'entrai enfin dans ma chambre, je
n'eut que le temps de le laisser tomber sur le lit pour m'endormir aussitôt.
Lorsque je me réveillai le lendemain matin, une lumière grisâtre filtrait à
travers les stores à demi-baissé. Un coup d'œil à ma montre m'indiqua qu'il
était déjà près de dix heures et qu'il valait donc mieux que je m'active si
je voulais prendre un petit déjeuner. Je changeai rapidement de vêtements,
enfilant un jean délavé et un vieux pull-over jaune qu'il aurait dû être
interdit de porter par qui que ce soit tant il était vieux et usé. Je devais réellement
avoir une drôle d'allure, mais c'était le dernier de mes soucis car étant
donné que je n'avais rien avalé depuis plus de vingt-quatre heures, mon
estomac commençait vraiment à crier famine.
Lorsque j'arrivai au rez-de-chaussée, je constatai que le hall d'entrée et la
salle à manger étaient presque déserts. A cette heure, tout le monde devait
être au travail. En jetant un œil à travers la porte vitrée je constatai
qu'il pleuvait, ce qui était en réalité assez habituel de cette ville. Encore
pas totalement réveillée, je me dirigeai vers le buffet et comme je ne
regardais pas devant moi, je me heurtai à quelqu'un qui venait en sens inverse.
" Excusez-moi " bredouillai-je sans lever la tête.
" Ce n'est rien " répondit un homme dont l'accent prononcé me fit
deviner qu'il devait être originaire d'Europe de l'Est. Je levai les yeux vers
lui et lui adressai un léger sourire. Il était grand, brun, séduisant. Il
sourit également, quel sourire !
" Si vous prenez votre petit déjeuner ici " continua-t-il, " je
vous déconseille vivement le café, il est infecte. "
" Pourtant je risque d'en avoir bien besoin, j'ai l'impression de ne pas
avoir dormi depuis six mois… " soupirai-je.
Il sourit à nouveau. " Dans ce cas il y a un petit café à deux immeubles
d'ici. "
" Merci " fis-je avec un léger hochement de tête.
" C'est naturel. " répondit-il avant de s'en aller.
Je m'approchai du buffet et après avoir hésité quelques instants, je me
servis un bol de céréales. Je mangerais quelque chose de plus consistant un
peu plus tard. Mon petit déjeuner terminé, je remontai dans ma chambre. Debout
devant la fenêtre, j'observai la pluie qui tombait inlassablement, les passants
qui se croisaient sans se remarquer les uns les autres, entassés sous leurs
parapluies. Automatiquement, mes pensées se portèrent sur les derniers mois
que j'avais passés ici avant de rejoindre Chloe, Suzie et Joe à Phœnix.
Jamais de ma vie je ne m'étais sentie aussi déprimée qu'après le départ de
Suzie. J'avais élevé ma nièce seule pendant plusieurs mois et y était attachée
autant que si elle avait été ma propre fille, si bien que lorsque ma sœur
l'avait emmenée, j'avais eu beaucoup de peine à m'en remettre et avait suivi
une thérapie pendant plusieurs mois. Cette période aurait donc dû,
logiquement, rester dans la mémoire comme l'une des plus tristes et sombres de
ma vie, mais je m'étais récemment aperçue que c'était loin d'être le cas.
Lorsque je repensais à cette époque, c'était à chaque fois avec le sourire,
car en dépit de la douleur occasionnée par la perte de Suzie, j'avais vécu
quelques mois merveilleux. Et cela, je le devais à Mark Greene.
Mark était mon meilleur ami depuis très longtemps, et un collègue admirable.
Je l'avais rencontré une dizaine d'année auparavant, alors que je n'étais âgée
que de 24 ans et que je commençais mon externat aux urgences du County. Je
n'avais pas pu choisir ce stage et ne comptais de loin pas devenir urgentiste.
Mais Mark était parvenu à me faire changer d'avis. Il était à l'époque récemment
diplômé et chargé de superviser mon stage, et lorsque j'avais à mon tour
obtenu mon diplôme de docteur en médecine, j'avais décidé de rester aux
urgences. Dès notre première rencontre Mark et moi nous étions très bien
entendus et n'avions pas tardé à devenir de très bons amis. Au fil des années,
je ne m'étais même pas rendue compte des changements survenus dans notre
relation tant cela s'était passé de manière imperceptible.
Après son divorce, nous nous étions rapprochés davantage, gardant toutefois
une relation strictement amicale et platonique. Il m'avait offert son aide quand
je m'étais retrouvée seule avec Suzie, son soutient lorsque Chloe me l'avait
reprise. Honnêtement j'ignore comment je m'en serais sortie sans lui à mes côtés.
Comme les mois passaient, nous étions devenus toujours plus proches, toujours
plus intimes. Jusqu'au jour où j'avais réalisé que la nature de mes
sentiments à son égard n'étaient plus les mêmes. J'avais plus de plaisir à
aller travailler quand je savais qu'il serait là, et ensuite je me réjouissais
que la journée soit terminée pour que nous puissions aller boire quelque chose
et être enfin seuls tous les deux. Mais je refusais d'avouer ce que je
ressentais, d'abord à moi-même et encore moins à lui. J'avais ignoré
jusqu'au bout qu'ils étaient réciproques, il ne m'avait avoué qu'il m'aimait
lui aussi qu'au moment où je montais dans le train pour Phœnix.
J'aurais voulu rester, mais c'était trop tard. Une nouvelle vie m'attendait là-bas,
et je ne pouvais plus faire demi-tour. Dieu seul sait à quel point j'ai pu
regretter tout cela par la suite… Si seulement il me l'avait dit plus tôt, si
seulement j'avais trouvé en l'espace d'une seconde la force de rester… Tout
cela avait été tellement précipité, j'avais tout simplement eu peur. C'est
un réflexe de l'être humain de reculer quand il se trouve face à quelque
chose qui l'effraie, et dans ce cas-là il avait été plus facile pour moi de
fuir plutôt que de lui dire en face que moi aussi je l'aimais, que moi aussi je
voulais vivre avec lui… Cinq ans durant, je me suis reproché de ne pas être
restée auprès de lui, auprès de l'homme que j'aimais plus que tout. Mais à
présent que j'étais de retour, qu'allait-il se passer ? Je me réjouissais de
le revoir, et en même temps je redoutais cet instant.
Je soupirai et jetai un œil à ma montre. Je n'avais rendez-vous avec Kerry
qu'en début d'après-midi et je décidai d'aller faire quelques courses pour
tuer le temps. J'enfilai mon manteau, sortis de ma chambre et quittai l'hôtel
sous la pluie, m'abritant comme je pouvais sous mon parapluie. Tandis que je
traversai Chicago, une foule de souvenirs que je croyais perdus revinrent à mon
esprit. J'avais passé tant d'années dans cette ville et j'en avais tant de
fois arpenté les rues durant mon adolescence que chaque recoin me semblait
familier. Je marchai ainsi pendant plusieurs heures, ayant finalement abandonné
l'idée d'aller faire des courses. Après tout, cela pouvait attendre.
Il était prêt de deux heures lorsque je m'arrêtai devant le County. Mon
entretien avait lieu à deux heures et quart, mais je savais par expérience
qu'il valait mieux être en avance à ce genre de rendez-vous, histoire d'être
tout de suite bien vu. Je ne me faisais pas trop de soucis car ayant déjà
travaillé ici je partais avec un avantage, mais d'un autre côté je ne
connaissais pas le nouveau médecin-chef de l'hôpital et ses exigences. Après
quelques instants durant lesquels je restai comme fascinée devant ce bâtiment
qui avait été une sorte de seconde demeure pour moi pendant des années, je me
décidai enfin à entrer. Je passai les grandes portes vitrées comme je l'avais
fait tant de fois auparavant et pénétrai dans le hall. Je m'attendais à tout
retrouver comme je l'avais laissé derrière moi, je ne pus que constater que ce
n'était de loin pas le cas. L'hôpital en lui-même ne semblait pas avoir changé,
mais je ne distinguai aucun visage connu parmi le personnel médical qui
s'affairait par-là. Je savais que Carol avait rejoint Doug à Seattle, Mark me
l'avait dit dans une des dernières lettres qu'il m'avait écrite. Mais les
autres travaillaient-ils toujours ici ? Puis je réfléchis… Peter devait sans
doute être en chirurgie, Mark et Carter avec des patients… Ils pouvaient
aussi très bien être de repos aujourd'hui. Finalement je crus reconnaître une
jeune femme en blouse de médecin, une jeune asiatique qui était externe alors
que je travaillais toujours ici. N'avait-elle pas quitté l'hôpital après sa
première année d'externat ? Je m'approchai du bureau de l'accueil pour
constater qu'il y avait un nouveau réceptionniste. Jerry n'était pas là et je
ne voyais Randi nulle part.
" Bonjour " fis-je à l'intention de l'homme que se retourna.
" Je peux vous aider ? " demanda celui-ci.
" Oui, j'ai rendez-vous avec le Dr Weaver et le Dr… " Il me fallut réfléchir
un instant avant de retrouver le nom que Kerry m'avait donné. " …
Romano, oui c'est ça "
" Oh, vous venez pour le poste… le bureau du Dr Romano est au deuxième
étage, l'ascenseur par-là. Je le préviens lui et le Dr Weaver que vous êtes
arrivée. "
" Je vous remercie " répondis-je avec un léger sourire avant de
tourner les talons et de me diriger vers l'ascenseur.
***
Au premier abord, le Dr Romano m'apparut comme un personnage arrogant et méprisant.
Je compris par la suite qu'il était tout simplement quelqu'un de détestable
sur tous les points de vue. Les questions qu'il me posa furent plus ou moins
celles auxquelles je m'étais attendues, pourquoi me présenter ici, pour
quelles raisons avais-je été renvoyée de mon poste à Phœnix.
" Je n'ai pas été renvoyée, docteur " rectifiai-je. " Comme
c'est écrit sur mon CV, j'ai démissionné. "
" Et pour quelles raisons puis-je savoir ? "
" Des restrictions de budget mettaient en danger le travail de chaque
employé de l'hôpital. J'ai préféré trouver un nouvel emploi avant de perdre
le mien. "
" Donc vous avez quitté votre poste sur de simples spéculations ? Vous ne
saviez pas si vous alliez où non être renvoyée… "
" C'est exact. "
" Pourquoi alors ? J'avoue que tout cela me laisse perplexe… "
" C'était une occasion que j'attendais depuis longtemps, je crois que
j'avais besoin de changer d'air et comme… "
" De changer d'air ? " m'interrompit-il. " Voyez-vous ça ! Et si
je vous engage, qu'est-ce qui me garantit que dans deux ans vous n'aurez pas de
nouveau envie de "changer d'air" ? D'après ce que l'on m'a dit, vous
avez plus ou moins quitté cet hôpital sur un coup de tête, il y a cinq ans…
"
" Robert, " intervint alors Kerry, " le Dr Lewis est un des médecins
les plus compétents avec lesquels j'aie pu travailler, les raisons de son départ
ne nous concernent en rien tant que nous sommes assurés de la qualité de son
travail. "
Je fus touchée par ses paroles. Kerry me lançait des fleurs, et ce n'était
pas dans ses habitudes. Romano lui jeta un bref coup d'œil, puis en revint à
mon dossier, me posant encore quelques questions sur le travail que
j'accomplissais à Phœnix avant de mettre fin à l'entretien. Lorsque nous fûmes
sortie de son bureau, Kerry se tourna vers moi.
" Le Dr Romano est un vrai monstre, mais dans le cas présent, en tant que
chef du service des urgences, c'est à moi que revient la décision finale de
vous engager ou non, peu importe ce qu'il en pense. Vous pouvez donc considérer
que vous commencez dans deux jours, à moins que cela ne soit trop tôt. "
Je secouai la tête. C'était parfait.
" Bien " fit Kerry avec un sourire chaleureux. " Je suis vraiment
contente de vous avoir à nouveau parmi nous, Susan. "
" Je suis contente aussi, Kerry " répondis-je en lui rendant son
sourire. Puis je redescendis et quittai l'hôpital, toujours sans avoir vu
personne d'autre que je connaissais. J'étais épuisée et avais réellement
besoin de caféine, c'est pourquoi je décidai de m'arrêter chez Doc Magoo, le
petit restaurant qui se trouvait juste en face du County. Après avoir passé ma
commande, j'allai m'installer à une table sans vraiment faire attention aux
gens qui se trouvaient autour de moi. A une table en face de la mienne, deux
jeune gens discutaient, une femme et un homme qui me tournait le dos. Leur
conversation semblait animée mais je n'y prêtai pas vraiment attention. Au
bout d'une bonne dizaine de minutes, on m'apporta enfin mon café. Je réglai
directement l'addition et remerciai le serveur avant qu'il ne tourne les talons.
Le nez plongé dans ma tasse, je ne vis pas le jeune homme d'en face tourner
subitement la tête.
" Dr Lewis ? " demanda alors une voix que j'identifiai
automatiquement.
" Carter ! " m'exclamai-je tandis que je relevai la tête et que mes
yeux rencontrèrent les siens.
" Ca alors ! " s'exclama-t-il. " Venez seulement vous asseoir
avec nous ! " Il désigna du menton la place vide à côté de son amie.
J'hésitai un instant, même si j'étais ravie de revoir Carter, je ne voulais
pas m'imposer. Mais la jeune femme sourit et hocha la tête. Je pris donc ma
tasse, et changeai de table.
" Susan, je vous présente Abby Lockhart, elle travaille comme infirmière
aux urgences " fit Carter en désignant son amie de la tête. " Abby,
le Dr Susan Lewis, elle travaillait ici il y a… un sacré moment en fait
" termina-t-il en souriant.
" Enchantée de vous rencontrer " me dit Abby avec un sourire tandis
que je serrais la main qu'elle me tendait. Au même moment, le biper accroché
à sa ceinture se mit à sonner, la rappelant aux urgences. Elle se leva à
contre cœur, s'excusa de devoir s'en aller et s'éloigna lentement en direction
de la sortie du restaurant.
" Qu'est-ce qui vous amène ici ? " demanda Carter alors que je
m'installai en face de lui.
" Le travail " répondis-je en avalant une gorgée de café brûlant.
" Vous voulez dire que vous revenez travailler au County ? "
En guise de réponse, je me contentai de hocher la tête.
" C'est super ! " s'exclama-t-il alors, et je ne pus m'empêcher de
sourire face à son enthousiasme. " Vous commencez quand ? "
" Lundi prochain "
" Et vous êtes ici depuis longtemps ? "
" Je suis arrivée hier. "
" Chloe et Suzie sont revenues avec vous ? "
Je secouai la tête en réalisant soudain que je n'avais même pas pris la peine
d'appeler ma sœur. Dans mon excitation d'être de retour dans ma ville natale,
cela m'était complètement sorti de la tête.
" Je n'en reviens pas que vous soyez de retour… " répéta Carter.
" C'est marrant, l'autre jour je pensais justement à vous, en entendant
cette chanson, vous savez… "
" Celle que tu m'avais dédicacée après cette monstrueuse nuit de garde,
"Twist & Shout" " terminai-je à sa place avec un léger
sourire.
" Vous vous en souvenez ! " constata-t-il joyeusement.
" Comment l'oublier " répondis-je sur le même ton. Je repensais
moi-même souvent à Carter lorsque cette chanson passait à la radio.
Il sourit et porta sa tasse de café à ses lèvres avant de continuer. "
Vous avez trouvé facilement un nouvel appartement ? "
" Oui, ça n'a pas posé trop de problème, de nouveaux logements viennent
d'être construits, ils avaient des appartements pas trop chers… Mais pour
l'instant je suis à l'hôtel, en attendant que ça soit prêt… "
" A l'hôtel ? "
" Oui, pourquoi ? "
" Si vous voulez, je peux vous héberger quelques jours en attendant que
votre appartement soit prêt " proposa-t-il alors. Je croyais qu'il
plaisantait, mais apparemment ce n'était pas le cas.
" Tu es sérieux ? Je ne voudrais pas déranger… "
" Si ça me dérangeait, vous croyez vraiment que je vous le proposerais ?
"
Je baissai les yeux. C'était vraiment très gentil de la part de Carter, mais
en même temps sa proposition me mettait presque mal à l'aise. Toutefois, après
réflexion, je préférerais quand même passer ces quelques jours chez un ami
plutôt que toute seule dans une chambre d'hôtel triste et impersonnelle.
J'acceptai donc l'offre de mon jeune collègue.
" Super " fit-il, toujours aussi enthousiaste. " Je vous laisse
finir votre café et on peut y aller, sauf si vous avez quelque chose à
faire… "
Je jetai un œil à ma tasse, le café était froid.
***
L'appartement de Carter était très simple et pas démesurément grand, mais
donnait une impression douillette et confortable qui me plut instantanément.
" Tu n'habites plus chez ta grand-mère ? " lui demandai-je avec un
petit sourire. Le fait qu'il habitait toujours avec ses grands-parents durant
son internat et alors qu'il était âgé de vingt-cinq ou vingt-six ans avait
toujours été un sujet de plaisanterie entre Carol Hathaway et moi.
" J'avais déménagé peu après votre départ, puis j'y suis retourné…
après mon agression… J'ai acheté cet appartement il y a environ deux mois.
"
" Après ton… ? " Je me trouvais près d'une fenêtre du living
room, et je me tournai brusquement vers lui. Dans aucune de ses lettre Mark ne
m'en avait parlé.
" Vous n'étiez pas au courant " constata-t-il. " C'est normal en
fait… " Il s'assit sur le canapé et j'en fis de même. " C'était
il y a… presque deux ans maintenant… Un patient schizophrène, il nous a
poignardés, mon étudiante et moi… " Carter s'interrompit, détournant
la tête sans doute pour dissimuler son émotion. " Excusez-moi, je… je
ne vais pas vous embêter avec mes histoires… "
Je posai ma main sur la sienne, et il retourna la tête vers moi. " Tu ne
m'embête pas, bien au contraire… "
Il sourit légèrement et serra ma main. J'aurais voulu dire autre chose, que je
comprenais, c'est ce qu'on dit, en général. Je n'allais pas dire ça
cependant, comment aurais-je pu comprendre, je n'avais jamais vécu la même
chose. Je me contentai de lui rendre son sourire, et il attendit quelques
minutes avant de continuer. " Lucy n'a pas survécu… mon étudiante,
elle… elle est morte… "
Je demeurai silencieuse. Dire que j'étais désolée n'aurait pas servi à grand
chose, on m'avait dit cela un million de fois lorsque Chloe m'avait enlevé
Suzie, jamais cela ne m'avait aider à me sentir mieux, jamais ça n'avait enlevé
la douleur. C'est l'une de ces phrases inutiles que les gens vous servent
soi-disant pour vous réconforter alors que ce sont eux qui sont mal à l'aise.
" Mais à présent je vais bien " reprit Carter en se redressant et en
souriant. " Ca a été difficile, mais le temps passe et il faut aller de
l'avant. Allez, assez parlé de moi, qu'êtes-vous devenue, en Arizona ? En tout
cas vous avez une mine superbe ! "
Je dus rougir car Carter éclata de rire. Après quelques minutes, je me décidai
enfin à lui poser la question qui me brûlait les lèvres. " Carter,
comment va Mark ? "
A l'expression que je lus dans ses yeux, je compris qu'il y avait quelque chose
qui n'allait pas, quelque chose que l'on ne m'avait pas dit. Mark n'était tout
de même pas… La peur m'envahit à cette idée que je chassais, me disant que
si quelque chose lui était arrivé, on m'en aurait certainement prévenu.
" Alors vous ne savez pas… " murmura Carter.
" Je ne sais pas quoi ? "
Carter avait presque l'air mal à l'aise. Sans doute n'était-ce pas à lui de
me dire ce qu'il allait me dire, mais je devais savoir, aussi j'insistai.
" D'accord, j'aurais juste préféré que ce soit lui qui vous en parle…
" fit-il après quelques instants. " Le Dr Greene a… avait une
tumeur cérébrale… c'était il y a quoi, un an peut-être, un peu moins…
"
" Mais comment va-t-il ? "
" Oh maintenant je crois que ça va… Il, il a subit une opération, un
truc expérimental, je ne sais pas exactement quoi… "
" Expérimental ??? "
" Ecoutez, je ne suis pas au courant de tout, mais normalement la tumeur
aurait dû être inopérable… Il a eu de la chance de s'en sortir, mais à présent
je crois qu'il est sorti d'affaire. "
" Carter, il faut que je le voie… "
" Vous allez devoir attendre… Mark est… parti quelques jours, en
vacances… avec sa femme et leur petite fille… "
***
A suivre...
[prologue] [chapitre
II]