Seconde Chance
Chapitre III : Suis ton Coeur


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Auteur:   Aline

Date de création:   Juin 2001

Droits divers:   Les personnages sont la propriété de Michael Crichton, de la WB, d'Amblin et de la chaîne qui détient les droits de diffusion, la FOX.

Résumé:   Susan est de retour à Chicago et Mark commence à remettre en question sa relation avec Elizabeth.

Fanfic tous publics

Le texte est la propriété de l'auteur

***

Mark ne tarda pas à reprendre ses esprits. Il devait agir, et vite. Il commença par contrôler son pouls et sa respiration. Son cœur battait régulièrement, mais elle semblait avoir un peu de difficulté à respirer. Il s'empara alors de son téléphone portable, qu'il avait par chance laissé dans la poche de son manteau, et appela une ambulance. Les secours ne mirent que quelques minutes avant d'arriver. Les ambulanciers installèrent Susan, toujours inconsciente, sur une civière qu'ils chargèrent dans l'ambulance. Mark prit place à côté d'elle, faisant face aux deux secouristes. Il prit délicatement sa main, et de nouvelles larmes gonflèrent ses paupières. Pourquoi, pourquoi lui avait-il dit cela ? Pourquoi ne l'avait-il pas empêchée de partir, toute seule dans la nuit ? Tout cela ne se serait jamais produit. Il posa ses yeux sur elle. Même ainsi, le visage couverts de bleus, elle était tellement belle. Tout était de sa faute. Pourrait-il se le pardonner un jour ? Et elle, accepterait-elle de lui pardonner ? Durant tout le trajet, il fut comme dans un espèce de brouillard, incapable de dire ce qui se passait autour de lui. Il se rendit compte que les ambulanciers avaient introduit un tube dans la gorge de Susan pour l'aider à respirer, mais ne comprenait pas un mot de ce qu'ils disaient. Tout ce qu'il voyait, tout ce qu'il entendait, c'était elle. Au bout de quelques minutes, il sentit l'ambulance s'arrêter. Les secouristes ouvrirent les portes et sortirent Susan, et il descendit à son tour.

" Merde ! " s'exclama Kerry en voyant qu'il s'agissait de Susan. " Mark, que s'est-il passé ? "

Mark retrouva suffisamment ses esprits pour articuler une réponse. " Je ne sais pas… elle a été attaquée, je l'ai trouvée comme ça… "

Kerry avait déjà emmené Susan en salle de trauma, accompagnée par plusieurs autres médecins et infirmiers. Mark suivit lentement, mais lorsqu'il voulut pénétrer dans la pièce où l'on soignait son amie, Kerry le poussa doucement vers l'extérieur.

" Mark, il vaut sans doute mieux que tu attendes dehors… "

Il était trop choqué pour protester et resta immobile derrière la porte vitrée.

***

Elizabeth était relativement fâchée d'avoir du revenir à l'hôpital alors qu'elle avait déjà travaillé toute la journée. " J'aurai encore droit à plus de vingt-quatre heures sans sommeil… " avait-elle pensé alors qu'elle passait les portes de l'hôpital. Plusieurs opérations l'attendaient en chirurgie, si bien qu'elle n'avait guère eu le temps de repenser aux événements survenus dans la soirée. La réaction de Susan lui avait semblée plus qu'étrange, tout comme la réponse évasive que Mark lui avait donnée. Elle en avait déduit que quelque chose avait dû se passer en son absence, mais elle préférait ne pas savoir de quoi il s'agissait.

Elle était en train de finir de boire un café, lorsqu'elle fut appelée aux urgences. " Il ne manquait plus que ça… " grommela-t-elle en jetant dans la poubelle le verre en plastique. Elle n'aimait pas spécialement être aux urgences, il fallait toujours agir vite, parfois trop vite, si bien qu'elle avait parfois l'impression de tout faire de travers.

Un homme était tombé par la fenêtre de son appartement situé au dixième étage et on avait besoin d'un avis chirurgical. Ses organes internes semblaient en bon état, mais aucun activité cervicale n'avait été détectée. " Son cerveau est fichu, on ne pourra rien faire pour lui là-haut… " déclara-t-elle. " Ce type est un donneur d'organes potentiel… " Elle prit sa tête dans ses mains alors qu'elle s'apprêtait à quitter la pièce, mais au même instant Abby passa la tête par la porte qui séparait les deux salles de trauma.

" Dr Corday, on va avoir besoin de vous de ce côté… "

Elizabeth poussa un soupire et rejoignit Abby. En entrant, elle ne vit que Kerry et Luka qui s'affairaient autour d'un patient, assistés par deux infirmières. Ce n'est qu'en s'approchant qu'elle s'aperçut qui était le patient en question.

" Merde… " murmura-t-elle. " Que lui est-il arrivé ? "

" Pour le savoir, il faudra attendre qu'elle se réveille. Susan, vous m'entendez ? "

Susan cligna des yeux. La lumière violente l'aveugla, mais elle reconnut parfaitement l'endroit où elle se trouvait. Kerry Weaver se tenait à côté d'elle. Elle hocha la tête.

" Très bien, est-ce que vous vous souvenez de ce qui s'est passé ? "

Susan secoua la tête. Tout y était embrouillé et elle ne parvenait à rassembler ses souvenirs.

" Ce n'est pas grave " lui dit gentiment Kerry. " Ca vous reviendra. Ne vous inquiétez pas, on s'occupe de vous. "

Susan hocha une nouvelle fois la tête avant de perdre à nouveau connaissance.

***

Mark était assis contre le mur, les genoux repliés, la tête dans les mains. Si jamais elle ne s'en sortait pas ? Il avait déjà vu tant de gens mourir depuis qu'il travaillait aux urgences, il y était presque habitué. Mais cette fois… il s'agissait de Susan, de SA Susan et s'il devait lui arriver quelque chose, il savait qu'il ne s'en remettrait pas.

La porte s'ouvrit soudain à toute volée, le tirant de ses pensées et le ramenant enfin à la réalité. Il se leva rapidement et entendit juste Elizabeth qui disait : " Les constantes sont stable, on la monte au bloc.

" Au bloc ?! " fit-il lorsqu'elle passa devant lui, poussant le lit de Susan. Elizabeth se tourna vers lui.

" Mark… elle a plusieurs côtes brisées et un pneumothorax, on doit l'opérer… "

Elle lui avait dit ça comme un médecin parle à la famille d'un patient et elle s'en voulait. Alors qu'une infirmière emmenait Susan vers l'ascenseur, elle posa sa main sur sa joue.

" Elle s'en sortira, Mark… Je ferai tout pour qu'elle s'en sorte… "

" Merci " fit-il en lui adressant un petit sourire. Elle lui rendit son sourire puis le laissa et rejoignit l'ascenseur en courrant. Quelques minutes plus tard, alors qu'elle se préparait à passer au bloc opératoire, elle s'était rendu compte de toute la douleur qu'elle avait lue dans ses yeux lorsqu'elle avait dit que Susan devait être opérée. " Il l'aime " pensa-t-elle avec tristesse. " Et le lien qui les unit est bien plus fort que l'amour qu'il ressent pour toi " Elle prit alors conscience que, même si cette idée lui était douloureuse, elle ne lui était en fin de compte pas aussi insupportable qu'elle l'aurait cru. Dans un sens, elle s'y était en quelque sorte déjà préparé. Elle voulait que Mark soit heureux avant tout, et elle savait qu'il le serait avec celle qu'il aimait depuis toujours. Elle espérait qu'ils resteraient amis, mais elle savais à présent qu'elle devait s'effacer. Il est rare que la vie offre une seconde chance, et elle refusait de leur prendre celle qui leur était donnée.

***

Quelques heures plus tard

Susan était étendue sur un lit, en salle de réanimation. Malgré le fait que la famille ne soit normalement pas autorisée à se trouver en réa, Mark avait insisté pour demeurer auprès d'elle et il avait finalement reçu la permission. Il voulait juste être la première personne qu'elle voit en se réveillant. Il avait tiré une chaise à côté de son lit et était resté là, immobile à son chevet, lui tenant la main. Au bout de quelques temps, il s'était assoupi, appuyé sur le bord du lit.

***

Susan ouvrit lentement les yeux. Elle avait l'impression que son cerveau était dans du coton, ses membres étaient ankylosés et bien qu'atténuée par les drogues qu'on lui avait administrées, la douleur dans sa poitrine l'empêchait presque de bouger. Mais au moins, elle était vivante. Elle tourna légèrement la tête et reconnu Mark, endormi sur son lit. Elle bougea doucement la main qu'il n'avait pas lâchée, et il se réveilla instantanément.

" Hé ! " murmura-t-il en souriant. " La Belle Au Bois Dormant se réveille… Comment te sens-tu ? "

" Ca peux aller " murmura-t-elle.

Au même moment, Kerry s'approcha d'eux.

" Susan, vous nous avez fait peur " fit-elle.

" Que s'est-il passé ? "

" Ca, ce sera à vous de nous le dire… dès que vous aurez retrouvé vos forces. Pour l'instant je vous conseille de vous reposer. Nous allons vous installer dans une chambre où vous serez au calme. "

Susan hocha la tête. Elle était incapable de se remettre de l'ordre dans ses idées et de se remémorer les événements de la nuit précédente. Elle se souvenait vaguement avoir parler avec Mark, puis avoir quitté le restaurant et avoir marché pendant des heures, mais ça n'allait pas plus loin.

" Il est normal que vous ne puissiez vous rappeler exactement ce qui vous est arrivé " lui dit Kerry comme si elle avait lu dans ses pensées. " Vous êtes encore sous le choc, mais ça reviendra "

Jamais Kerry n'a été aussi gentille avec moi, pensa Susan en esquissant un petit sourire.

Quelques instant plus tard, Susan avait été transférée dans une chambre. Mark était allé se chercher une tasse de café et elle était seule. Elle tenta de repenser à ce qui s'était passé. Sa conversation avec Mark lui revint à la mémoire et à ce souvenir ses yeux se remplirent de larmes. " S'il ne m'aime vraiment pas, pourquoi est-il resté auprès de moi jusqu'à ce que je me réveille ? " se demanda-t-elle. Mais la réponse lui vint automatiquement : parce qu'ils étaient amis. Amis, et rien de plus. Mark poussa la porte de la chambre et elle détourna la tête. Elle ne voulait pas le voir.

" Hé, ça ne va pas ? " demanda-t-il en s'approchant.

" Je suis fatiguée " articula-t-elle. " J'aimerais rester seule "

" Bien " Il déposa un baiser sur son front avant de quitter la pièce, conscient qu'elle avait des raisons de lui en vouloir.

Il descendit à la cafétéria où il fut bientôt rejoint par Elizabeth.

" Comment va-t-elle ? " demanda-t-elle doucement.

" Je crois qu'elle va bien " répondit-il simplement.

" Tant mieux " Elle lui sourit avant de continuer : " Mark, il faut qu'on parle. "

***

Mark ne rentra pas chez lui cette nuit-là. Il essaya de dormir un peu dans la salle de repos des urgences, monta souvent jeter un œil dans la chambre de Susan pour voir si tout allait bien et repensa longuement à la conversation qu'il avait eue avec Elizabeth. Elle lui avait dit qu'elle avait longtemps réfléchit, et qu'elle comprenait les sentiments qu'il éprouvait pour Susan. Elle était triste, bien sûr, car elle l'aimait toujours, mais elle accepterait, malgré tout, de s'effacer.

" Elizabeth " avait-il murmuré.

" Chut " avait-elle répondu, les larmes aux yeux. " Ce n'est pas ta faute. J'espère juste trouver un jour un homme qui me regarde comme tu la regarde… "

Il avait hoché la tête. Elizabeth était quelqu'un de formidable qui l'impressionnerait toujours. Il lui sourit. " J'aimerais que l'on reste amis "

Elle lui rendit son sourire, hocha la tête et il la prit doucement dans ses bras.

" Merci " ajouta-t-il au bout de quelques secondes. " Merci d'avoir compris "

Plus tard dans la soirée, il avait rappelé Doug. Ils étaient restés longtemps au téléphone. Doug lui avait promis qu'il viendrait très prochainement passer quelques jours avec Carol et les petites à Chicago. Au bout d'une heure environ, Mark avait raccroché et était allé pour la énième fois vérifier que Susan allait bien. Il se sentit alors libéré d'un poids énorme. A présent, il pourrait s'occuper de Susan comme il le voulait sans avoir à craindre de faire souffrir Elizabeth.

***

En rentrant chez elle, Elizabeth s'était effondrée. Elle avait soudain l'impression d'avoir commis la plus énorme erreur de toute sa vie. Mark était un homme exceptionnel qu'elle aimait de tout son cœur, et elle venait de lui donner sa bénédiction pour aller vers une autre femme. Elle regrettait amèrement ce qu'elle avait fait, mais c'était trop tard. Et il y avait une voix au fond d'elle-même qui lui disait qu'elle avait eu raison. Elle n'aurait pas supporté cette situation un seul jour de plus. Mark était trop loyal pour rompre avec elle, même s'il aimait Susan. Et elle savait qu'il l'aimait. Jamais elle n'avait vu autant de douceur dans ses yeux que lorsqu'il les posait sur elle. Et elle savait qu'il souffrait de ne pouvoir être vraiment avec elle. Les larmes continuaient de couler sur ses joues. Elle savait qu'elle avait fait le bon choix, pour elle, pour Mark, mais cette décision n'en restait pas moins douloureuse, extrêmement douloureuse. Elle ne voulait pas continuer à vivre avec lui tout en sachant qu'il en aimait une autre, mais elle savait que cette séparation, même s'il n'existait pas d'autre solution à sa connaissance, ce serait très difficile pour elle. Elle cessa lentement de pleurer. Il lui faudrait du temps, peut-être beaucoup de temps, mais elle finirait certainement par s'y faire. Elle n'avait pas tellement d'autre choix, de toute façon…

***

Deux semaines plus tard

Le soleil était déjà levé depuis longtemps lorsque Susan ouvrit les yeux. Les dix jours qu'elle avait passés à l'hôpital avaient été tout simplement horribles, mais à présent, alors qu'elle était rentrée chez elle, c'était pire encore. Elle n'avait plus d'appétit et ne parvenait à dormir que quelques heures par nuit avant d'être réveillée par un cauchemar dans lequel elle revoyait sans cesse l'agression dont elle avait été victime. Elle sortait le moins possible de chez elle, et lorsqu'elle le faisait quand même, s'enfermait à double tour aussitôt rentrée. Mais le plus dur résidait dans le fait qu'elle doive affronter cela toute seule. Quelques jours plus tôt, lorsqu'elle avait enfin pu quitter l'hôpital, Mark l'avait ramené chez elle. Ils n'avaient pas échangé un seul mot de tout le trajet, mais lorsqu'il lui avait pris la main au moment d'entrer dans son appartement, elle avait craqué.

" A quoi est-ce que tu joues ? " avait-elle demandé, au bord des larmes.

" Je te demande pardon ? "

" D'abord tu me dis que tu m'aimes, ensuite que ce n'est pas possible, et maintenant… " sa phrase avait été interrompue par un sanglot, tandis que des larmes s'étaient mises à rouler sur ses joues. Il avait alors voulu la prendre dans ses bras, mais elle l'avait repoussé.

" Je ne sais plus ou j'en suis Mark… Va-t-en s'il te plaît… "

" Tu en es sûre ? "

" Oui… Laisses-moi… J'ai besoin de temps… pour réfléchir… Je t'appellerai… "

Il était parti, et elle était restée là, pleurant seule sur le pas de la porte. Lui dire de partir avait été la chose la plus difficile qu'elle ait eu à faire depuis qu'elle l'avait quitté, trois ans plus tôt. Elle ne savait plus ce qu'elle devait faire, ce qu'elle devait croire. Elle l'aimait, ça elle en était certaine, mais comment pouvait-elle être sûre des sentiments qu'il avait pour elle alors que lui-même semblait ne pas les connaître ? En fin de compte, elle n'aurait peut-être pas dû revenir à Chicago. Elle n'en souffrait que davantage.

Soudain, des coups retentirent à la porte, la tirant de sa réflexion. Elle espérait que ce ne serait pas Mark, elle n'aurait pas le courage de lui parler. Elle entrouvrit la porte et fut extrêmement surprise de s'apercevoir qu'il s'agissait d'Elizabeth.

" Je ne vous dérange pas au moins ? " demanda celle-ci avec douceur.

" Non, bien sûr que non… entrez " répondit Susan.

Elizabeth lui tendit le petit bouquet de jonquilles qu'elle avait apporté.

" J'adore les jonquilles " fit-elle. " J'espère que vous les aimez aussi "

Susan hocha la tête. " Merci… Est-ce que vous voulez un café ? "

" Très volontiers ! " répondit Elizabeth en la suivant à la cuisine.

Alors qu'elle lui tendit une tasse, Susan ne put s'empêcher de se demander ce qu'Elizabeth venait faire chez elle. Elle s'assit en face d'elle.

" Ma visite doit vous surprendre " dit celle-ci au bout de quelques instants. " Mais il fallait absolument que je vous parle. "

Susan soupira. Elle savait qu'un jour ou l'autre elles finiraient par avoir cette conversation, mais elle n'était pas sûr d'en avoir très envie. Cependant, la discussion prit une tournure à laquelle elle ne s'attendait pas du tout.

" Mark m'a raconté ce qui c'est passé, l'autre soir, lorsqu'il vous a accompagnée chez vous "

Susan faillit s'étouffer avec une gorgée de café. " Je vous demande pardon ??? "

Elizabeth eut un petit sourire triste. " Mark et moi ne sommes plus ensemble " fit-elle simplement.

" Je suis désolée " murmura Susan.

" Il ne faut pas. C'est moi qui ai pris cette décision. C'est mieux comme ça "

Susan ne comprenait pas vraiment ce qui ce passait. Si c'était terminé, entre Elizabeth et lui, pourquoi ne lui en avait-il rien dit. " Pourquoi ? " demanda-t-elle à voix basse.

" Parce que l'amour que Mark ressent à votre égard est plus fort que tout. M'imposer n'aurait rien changé. Ca n'aurait servit qu'à me détruire, qu'à vous détruire… Et ça n'aurait rien eu de raisonnable… Vous êtes quelqu'un de bien, Susan, et je suis certaine que Mark sera heureux avec vous… " Sa voix tremblait lorsqu'elle disait cela, et Susan le remarqua. Elle posa sa main sur la sienne.

" Je vous remercie " fut tout ce qu'elle parvint à dire. L'émotion la submergea, et elle sentit qu'elle était sur le point de pleurer. Elizabeth serra doucement sa main et lui sourit. Elle resta quelques minutes encore, puis s'en alla, le cœur plus léger. Elle avait l'impression d'avoir accomplit quelque chose de bien, et elle s'en sentait heureuse.

Restée seule, Susan tenta de remettre un peu d'ordre dans ses idées. La première chose qu'elle voulut faire fut appeler Mark, mais elle se souvint qu'il devait être de garde jusqu'à vingt-deux heures, et elle n'avait guère envie de lui téléphoner à l'hôpital. De plus Chloe arriva quelques minutes à peine plus tard. Elles avaient prévu d'aller faire un peu de shopping pendant qu'un collègue de Chloe gardait Suzie pour la journée.

" Comment tu te sens, petite sœur ? " demanda-t-elle alors qu'elles descendaient les escaliers du couloir.

" Ca va… oui je crois que ça va bien… " répondit Susan avec un sourire.

Mark n'avait pas cessé de penser à elle depuis qu'elle avait repoussé ses avances quelques soirs plus tôt. Il savait qu'elle avait des raisons de lui en vouloir, elle devait avoir l'impression qu'il jouait avec ses sentiments, qu'il n'était pas honnête avec elle, et il devait absolument lui faire comprendre qu'elle avait tord. Il venait de terminer sa garde et roulait, sous une pluie battante. Il n'avait même pas eu besoin de réfléchir pour retrouver le chemin de l'immeuble où elle habitait. Il l'aurait retrouvé les yeux fermé.

Lorsqu'il fut devant sa porte, il hésita pendant plusieurs minutes avant de sonner. Et si elle n'avait pas envie de le voir ? Elle avait dit qu'elle l'appellerait, mais elle ne l'avait jamais fait. Pourtant il DEVAIT le faire. Il prit une profonde inspiration et appuya sur la sonnette. Plusieurs minutes se passèrent avant qu'il n'entende des pas légers sur la moquette de l'entrée. La clé tourna dans la serrure. Une séquelle de son agression, pensa-t-il. Puis, elle entrouvrit la porte et la voir lui brisa le cœur. Sur son visage et ses bras, les plaies avaient laissé de petites cicatrices qui n'avait pas encore totalement disparu. Elle avait l'air si fragile, il aurait tellement voulu la prendre dans ses bras, lui dire que plus personne ne lui ferait jamais de mal. Elle resta quelques secondes sans bouger, à le contempler, puis recula pour le laisser passer, sans dire un mot. Il entra, retira son manteau qu'il accrocha au porte manteau. Puis, toujours sans parler, il la prit par la main et l'entraîna dans le living room. Ils s'assirent sur le canapé, pas trop près l'un de l'autre, et il lui prit délicatement la main.

" Il faut que je te parle, Susan " dit-il enfin après plusieurs minutes. Elle ne répondit rien, se content de continuer à le fixer des yeux. " Je sais que tu m'en veux, je réagirais certainement de la même façon si j'étais à ta place… "

Mais déjà, elle ne l'écoutait plus. Elle sourit légèrement, ce qu'il ne sembla pas remarquer. La seule chose à laquelle elle pouvait penser était l'amour et le désir qu'elle ressentait pour cet homme si doux, si gentil. Il lui avait fait du mal, mais elle était prête à tout lui pardonner. Parce que c'était lui.

" … J'ai eu tellement peur, tu ne peux pas imaginer, j'ai cru que j'allais te perdre… " continuai-il, des larmes perlant à ses paupières. " Je ne peux plus imaginer ma vie sans toi, Susan. Quand tu es partie il y a trois ans, ça a été comme si on m'arrachait une partie de moi… Pour rien au monde je ne veux que ça arrive à nouveau… "

Il plongea ses yeux dans les siens, et elle lui sourit à nouveau.

" Il y a quelque chose… " continua-t-il en prenant ses deux mains dans les siennes. " J'y ai beaucoup réfléchit, et je crois que c'est ce que je veux vraiment… " Il s'arrêta une seconde, puis reprit : " Susan, est-ce que tu veux m'épouser ? " Au moment où il prononça cette phrase, il eut envie de la retirer. Il avait trop peur qu'elle lui dise non, il ne supporterait pas d'être rejeté. Il avait été idiot de lui dire cela, après ce qui était arrivé, comment pourrait-elle accepter ?

Elle s'était attendue à beaucoup de choses sauf à ça. Pourtant, une seule seconde de réflexion lui suffit à prendre une décision. " D'accord " murmura-t-elle d'une voix émue, à peine audible.

" Quoi ? " fit-il, sans oser croire à ce qu'il venait d'entendre.

" D'accord " répéta-t-elle avec assurance cette fois. " Mark, je serais très heureuse de devenir la nouvelle Mme Green… "

Il n'en croyait pas ses oreilles. Le bonheur le submergea si bien qu'il ne pus prononcer un mot. Il se contenta de s'approcher d'elle, lentement. Il passa délicatement la main dans ses cheveux et aurait voulu que cet instant ne s'arrête jamais. Leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

" Je t'aime " murmura-t-il enfin. " Je t'aime tellement "

" Je t'aime " fit-elle dans un souffle, juste avant que leurs lèvres ne se rencontrent. Il s'embrassèrent, doucement d'abord, puis avec passion, comme jamais ils ne l'avaient fait auparavant. Lorsqu'ils se séparèrent enfin, il la contempla quelques instant avant de l'attirer à nouveau contre lui pour la serrer sur son cœur.

***

Le lendemain matin

Susan ouvrit lentement les yeux. Le soleil était déjà levé, et un chaud rayon caressait la peau nue de son épaule. Pour la première fois depuis deux semaines, elle avait passé une nuit paisible et sans cauchemar. Elle sourit en se remémorant ce qui s'était passé depuis le soir précédent et tourna légèrement la tête. A côté d'elle, Mark dormait toujours. Elle approcha alors son visage du sien et effleura doucement ses lèvres des siennes. Il se réveilla alors, et lui sourit.

" Bonjour ma chérie… " murmura-t-il en l'embrassant.

***

A suivre...


[chapitre II]