Nouvelle Donne
Chapitre III : Un nouveau Départ


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Auteur:   Aline

Date de création:   Août 2001

Droits divers:   Les personnages, excepté Cecilia, sont la propriété de Michael Crichton, de la WB, d'Amblin et de la chaîne qui détient les droits de diffusion. L'extrait de chanson provient de la chanson Angel de Sarah McLachlan

Note de l'auteur:   Voilà, cette fois-ci, c'est bien le dernier volet de ma longue fanfic "Mark-Susan", ce qui ne veut pas dire que je n'en écrirai pas d'autres, mais plus dans cette série. Pour ceux qui aiment les happy end, je vous conseille de considérer que la fic précédente, "Cecilia" était la dernière, car celle-ci n'est pas vraiment du genre fin heureuse...

Fanfic tous publics

Le texte est la propriété de l'auteur

***

" J'ai tout de suite fini, je suis à la maison dans moins d'une heure… Moi aussi je t'aime… "

Mark raccrocha le téléphone. Passer une journée entière sans voir sa famille était un supplice et il n'avait pas pu s'empêcher d'appeler Susan. Susan, son épouse. Cinq mois s'étaient écoulés depuis la naissance de la petite Cecilia, et Rachel était venue s'installer avec eux lorsque Jennifer avait trouvé un nouveau travail sur la côte ouest. Avoir les trois personnes qu'il aimait le plus au monde réunies autour de lui le rendait plus heureux chaque jour qui passait.

" Comment va la petite famille ? " demanda Carter en s'approchant de l'accueil.

" Très bien ! " répondit Mark avec un grand sourire.

" Vous avez fini, là, maintenant ? "

" Il me reste juste un patient à voir, et après je rentre. "

" Je peux le prendre si vous voulez. "

" Tu ferais ça ? "

" Oui, je suis de garde toute la nuit alors, un patient de plus ou de moins… "

" Je te revaudrai ça, Carter ! "

" Embrassez Susan et les filles pour moi. "

" Je n'y manquerai pas ! Bonne soirée ! " fit-il en se dirigeant vers la salle de repos. Lorsqu'il y entra, elle était vide et il ressortit quelques minutes plus tard après s'être débarrassé de sa blouse et de son stéthoscope et avoir récupérer ses affaires. Sa voiture était garée dans le parking de l'hôpital, et en mettant le contact il ne pensait qu'à une seule chose : le week end prolongé qu'ils allaient passer ensemble, tous les quatre. Au début, Rachel, qui avait à présent treize ans et se retrouvait par la force des choses confrontée à tous les problèmes qui peuplent le quotidien des adolescentes de son âge, avait eu un peu de mal à s'habituer à cette nouvelle vie, mais très rapidement elle s'était attachée à sa nouvelle petite sœur et s'entendait à présent très bien avec Susan qui l'aimait comme si elle avait été sa propre fille.

Perdu dans ses pensées, il ne vit pas le motard qui arrivait en sens inverse, lumières éteintes. Et lorsqu'il l'aperçut, il était trop tard. Pour l'éviter, il manœuvra brusquement, faisant presque faire demi-tour à son véhicule, dont il perdit le contrôle. Tout se passa très vite, les images se succédant dans son esprit : le mur qui s'approchait à une vitesse effrayante sans qu'il ne puisse rien y faire, Susan, Rachel, Cecilia. Puis il n'y eut plus rien, juste le néant…

***

Trois semaines plus tard...

Susan tourna la clé dans la serrure, ouvrit la porte et entra dans l'appartement. Lentement, sans faire de bruit. La voix de Rachel occupée à faire la lecture à Cecilia lui parvint de la chambre. Elle retira son manteau, déposa ses affaires dans le living room et suivi la voix douce de l'adolescente. Dans la petite chambre, Cecilia se tenait assise au milieu de la pièce, jouant avec ses peluches tandis que Rachel lui lisait une histoire. Susan resta sur le pas de la porte et écouta. Elle avait elle-même lu ce livre de nombreuses fois à Suzie. Après quelques minutes, sentant sa présence, l'adolescente leva vers elle un regard dans lequel elle lut toute la tristesse du monde.

" J'ai des devoirs à faire… " murmura-t-elle en refermant le livre et en se levant.

" Merci, Rachel… " répondit Susan alors que la fillette quittait la pièce. Son regard se porta alors sur Cecilia. Leur fille. Elle s'approcha et la prit doucement dans ses bras. Le bébé gazouillait, racontant des histoires qu'elle ne pouvait pas comprendre à sa maman. A six mois, elle ne pouvait pas se rendre compte de ce qui se passait. Elle était la seule à être épargnée de la douleur et la souffrance. Mais cela ne faisait pas d'elle une privilégiée, car jamais elle n'aurait connu son père. Pour Susan et la jeune Rachel, il restait au moins les souvenirs pour parer à la tristesse. Et au vide. Jamais de sa vie Susan ne s'était sentie aussi seule. Elle l'avait perdu une fois, l'avait retrouvé et ils avaient décidé de faire leur vie ensemble. Et puis… il avait fallu qu'elle le perde à nouveau. Sauf que cette fois-ci, rien ne les réunirait plus. Elle serra sa fille plus fort contre elle. La plaie béante dans son cœur lui faisait mal, et elle savait que jamais elle ne cicatriserait complètement. Cecilia était sa bouée de secours, ce qui l'empêchait de couler. Elle ignorait ce qu'elle aurait fait si elle s'était trouvée toute seule, et préférait ne même pas y penser. Pour son enfant, elle devait rester forte et continuer à vivre malgré la douleur. Sa sœur, Chloe et sa nièce lui avaient également été d'un précieux secours. Elle savait qu'elle avait quelqu'un à qui confier sa peine, mais aussi ses doutes et ses angoisses. Elle ignorait ce que la vie lui réservait. Tout avait basculé si vite… Quelques minutes avant l'accident, il lui disait qu'il l'aimait au téléphone, et ces mots avaient été les derniers qu'elle avait entendus.

Et puis il y avait aussi Rachel, dont il fallait s'occuper. Jennifer voulait qu'elle la rejoigne à Los Angeles, mais l'adolescente avait refusé de quitter Chicago. Elle avait dit à sa mère qu'elle ne voulait pas déménager encore une fois pour recommencer une nouvelle vie dans une ville qu'elle ne connaissait pas, loin de ses amis et de tout ce qu'elle avait toujours connu. Elle souhaitait également rester auprès de sa nouvelle petite sœur et elle savait que de toute manière sa mère serait trop occupée pour passer du temps avec elle. Jennifer n'avait pas insisté, et Susan lui en avait été reconnaissante. Elle avait compris que, au moins pour quelques temps, sa fille avait besoin d'être auprès de quelqu'un qui non seulement comprenait sa peine, mais la ressentait également. Même si elles s'entendaient déjà plutôt bien avant, les événements survenus durant les dernières semaines avaient beaucoup rapproché Susan de sa belle-fille. Elles discutaient souvent, cela leur faisait du bien à toutes les deux. Cependant, l'adolescente ne se confiait pas vraiment à elle. Elle savait que Rachel souffrait, elle avait toujours été proche de son père. Mais jamais elle n'en parlait, et Susan ne savait pas comment faire pour la réconforter. Elle en aurait eu besoin, pourtant, mais elle semblait préférer s'enfermer à l'intérieur d'elle-même et ne rien laisser transparaître des sentiments qu'elle y cachait. Elle croyait pouvoir tout garder pour elle, mais personne n'est capable de supporter seul ce genre de chose. Elle n'avait pas non plus voulu consulter le psychologue scolaire comme ses professeurs l'auraient souhaité. Elle estimait que tant qu'elle continuait à avoir de bons résultats scolaires, ce qui se passait dans sa vie ne les concernait en rien.

Susan soupira. Tout cela faisait beaucoup à supporter, et elle n'était pas sûre d'avoir les épaules assez solides. Il lui semblait être au bord de la crise de nerf, et elle se sentait impuissante face aux événements qui surgissaient dans sa vie. Elle essayait tant bien que mal de reprendre le dessus et de ne rien laisser paraître de ce qu'elle endurait mais c'était tellement difficile… Aux urgences, il lui était arrivé plusieurs fois de devoir quitter une salle de trauma car elle ne supportait pas de voir une victime d'un accident de la circulation, en ce disant que quelques temps plus tôt, Mark avait été à sa place. Heureusement, les autres comprenaient et elle savait qu'elle pouvait compter sur eux. Carter en particulier était adorable, il l'écoutait si elle avait envie de lui parler, mais ne la forçait jamais, ne lui posait jamais de questions auxquelles elle n'avait pas forcément envie de répondre. Il avait l'air de comprendre ce qu'elle vivait mieux que n'importe qui, sans doute parce que dans un passé pas si éloigné il avait vécu quelque chose de semblable. Abby aussi avait été tellement gentille avec elle, avant elles ne se connaissaient pas vraiment, à part les contacts qu'elles avaient eus à l'hôpital et le fait bien sûr qu'elle avait assisté à la naissance de Cecilia. En ce moment, elle avait vraiment besoin d'une amie et Abby avait été là pour elle.

Un petit cri de Cecilia la ramena à la réalité. Elle embrassa la petite tête blonde de sa fille et la berça tendrement jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Elle la déposa alors dans son petit lit, et quitta la pièce sur la pointe des pieds. Il n'y avait plus aucun bruit dans l'appartement, pas même celui de la télévision. Rachel s'était elle aussi endormie. Elle allait toujours se coucher tôt, sans doute parce qu'elle trouvait dans le sommeil un peu de réconfort. Susan aurait voulu pouvoir faire pareil, mais depuis trois semaines elle ne dormait tout simplement presque plus. Elle restait des nuits entières sans fermer l'œil, parce qu'à chaque fois le visage de Mark lui apparaissait, avec ce regard si doux et plein d'amour qu'il posait sur elle, comme pour lui dire que tout irait bien. Mais tout n'allait pas bien. Elle lui en voulait d'être parti, de l'avoir laissée maintenant qu'ils étaient enfin réunis et heureux. Elle s'étendit sur le canapé et alluma la radio, se laissant bercer par les paroles en attendant que le sommeil ne la gagne…

In the arms of an angel fly away from here
[Dans les bras de l'Ange envoles-toi loin d'ici]
From this dark cold hotel room
[Loin de cette chambre d'hôtel sombre et glacée]
And the endlessness that you fear
[Et de l'infini dont tu as peur]
You are pulled from the wreckage of your silent reverie
[Tu es emportée loin des débris de ta rêverie silencieuse]
You're in the arms of the angel, may you find some comfort there…
[Tu es dans les bras de l'Ange, puisses-tu y trouver un peu de confort]


***

Un autre jour, un autre matin. Une légère brise soufflait, emportant avec elle les feuilles jaunes et rouges tombées des hauts arbres. Susan se recueillait en silence sur la tombe de Mark, la gorge nouée et les larmes perlant à ses paupières. Abby était auprès d'elle, tenant Cecilia dans ses bras. Elle avait tenu à l'accompagner, et elle lui en était reconnaissante. Ce jour-là, elle ne se sentait pas le courage de venir ici seule. Plusieurs mois s'étaient écoulés, mais la douleur demeurait intact, brûlante et intense, renaissant au moindre bruit, à la moindre image lui rappelant son cher époux. Le simple fait de lire son nom, S. Lewis Greene, sur sa carte de crédit quelques heures plus tôt lorsqu'elle était avait payé son repas chez Doc Magoo l'avait complètement retournée. Cependant, elle faisait tout pour reprendre le dessus, pour reprendre sa vie en main. Il le fallait, pour elle, pour Cecilia et Rachel. Parce qu'elles avaient besoin d'elle. Elle savait qu'elle finirait par y arriver, même si pour cela il lui faudrait du temps.

Elle tourna légèrement la tête et aperçut la frêle silhouette de Rachel à l'entrée du cimetière. Lorsque l'adolescente la rejoignit, Abby leur dit qu'il allait attendre dans la voiture avec Cecilia. Elles restèrent un long moment sans rien dire avant que Rachel ne prenne la parole.

" Il y a tellement de choses que j'aurais voulu lui dire… " murmura-t-elle.

" Tu peux toujours le faire… " répondit Susan d'une voix douce et rassurante. " Il t'entends tu sais… "

" Tu crois ? "

" J'en suis sûre. Même s'il n'est plus avec nous, il reste dans nos cœurs, nous protège et nous écoute… "

L'adolescente s'agenouilla alors devant la tombe et y déposa la rose blanche qu'elle avait apportée. " Je t'aime, papa… " fit-elle d'une voix à peine audible. " Je t'aime si fort… Je suis désolée pour toutes les fois où on s'est disputé tous les deux… Est-ce que tu me pardonnes ? J'aurais voulu te dire tout ça avant… pourquoi es-tu parti si vite ? Pourquoi… " Sa voix se brisa, et Susan s'agenouilla à côté d'elle, l'entourant de ses bras et la serrant sur son cœur. Un sanglot parcourut le petit corps de la fillette tandis qu'elle laissait libre court à ses larmes. Elles restèrent longtemps enlacées, seul le bruit des pleurs de Rachel venant troubler le silence.

" Il me manque tellement… " fit-elle au milieu de ses larmes.

" Je sais… " murmura Susan " Je sais… "

Rachel releva légèrement la tête pour la regarder. " Pourquoi, Susan ? Pourquoi lui et pas un autre ? C'est tellement injuste… "

" La vie est injuste… Mais il faut apprendre à l'accepter et à en savourer chaque instant car tout peux basculer en l'espace de quelques secondes… "

" C'est difficile… de l'accepter… "

" C'est vrai… c'est pour ça que ça fait tellement mal… Mais un jour on y parvient et la douleur s'estompe lentement… "

Elle passa une main dans les longs cheveux bruns de l'adolescente. Elle voulait tellement croire à ce qu'elle disait, croire que la douleur s'en irait, et qu'elle pourrait juste se souvenir des instants qu'ils avaient passés ensemble, ces instants doux et précieux qu'elle gardait dans sa mémoire comme un trésor. Un trésor que jamais personne ne lui prendrait…

Elles se relevèrent toutes les deux en même temps, et après avoir dit une dernière prière, elles s'éloignèrent lentement, main dans la main.



***

FIN


[chapitre II]